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trois corps d’armée, immédiatement mobilisables, excellens par la qualité des officiers et des soldats, par la judicieuse proportion entre les différentes armes, par une organisation très bien comprise jusque dans ses moindres détails.

Après leur départ, il resterait encore en Angleterre 10 bataillons, 35 batteries de campagne et 26 escadrons de l’armée régulière.

La milice étant devenue Réserve spéciale, il n’existait plus, comme forces auxiliaires pour la défense du territoire, que les volontaires et la yeomanry, qui formaient une réunion disparate de bataillons, d’escadrons et de batteries, sans lien les uns avec les autres, sans cohésion, qui, au dire de M. Haldane, « avaient poussé comme des champignons » un peu au hasard ; chaque unité avait, pour ainsi dire, son mode de recrutement, son régime administratif, ses habitudes de manœuvre, de là un manque d’homogénéité et un esprit particulariste excessif. Ces élémens n’étaient pas groupés en grandes unités organisées avec leur matériel et leurs services, d’où impossibilité absolue de mettre cette troupe sur le pied de guerre. En outre, il y avait disproportion entre les diverses armes, par exemple pléthore d’artillerie de forteresse et manque presque absolu d’artillerie de campagne. En somme c’était une force à peu près inutilisable même pour la défense du pays : qu’aurait-elle pu faire, en effet, sans vivres, sans moyens de communication, sans moyens de transports ?

Le nouveau ministre de la Guerre fit des volontaires et de la yeomanry l’armée territoriale actuelle, qui est appelée à jouer un rôle important : c’est à elle que serait confiée la défense des Iles Britanniques, du sol de la patrie, si l’armée régulière était au dehors ; elle fut formée d’abord au moyen des anciens volontaires et yeomenqui consentirent à entrer dans la formation nouvelle, ensuite par des engagemens contractés de dix-sept à trente-cinq ans et des rengagemens jusqu’à quarante ans et même jusqu’à cinquante ans suivant le grade ou l’emploi de l’intéressé.

Le premier souci de M. Haldane fut de faire de l’armée territoriale une force organisée, très promptement mobilisable ; à cet effet, on la groupa en fortes unités, brigades montées (yeomanry) et divisions d’infanterie, pourvues dès le temps de paix de tous leurs services, matériel et personnel. Ces services sont très recherchés par des hommes de professions spéciales ; ils se