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néanmoins, pour combler les vides, recourir largement aux ressources des colonies d’Afrique, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande qui procurèrent plus de 84 000 hommes. Cela ne suffit pas et l’on dut faire venir des troupes irrégulières, de qualité médiocre, dont les défaillances ne sont pas étrangères au discrédit immérité que les événemens jetèrent momentanément sur l’armée britannique. Pour réunir les effectifs nécessaires, il avait fallu quatre mois, malgré l’extrême activité que déployèrent la marine et le service des transports.

Les réserves de l’armée régulière reconnues insuffisantes étaient donc à reconstituer sur des bases nouvelles ; on en fixa le chiffre au nombre supposé nécessaire pour alimenter l’armée pendant une campagne de six mois. L’idée du ministre de la Guerre fut d’imposer dorénavant aux miliciens la condition de servira l’extérieur le cas échéant, la milice fut ainsi transformée et prit le nom de Réserve spéciale, tout en conservant, dans une certaine mesure, son organisation, ses garnisons, son mode de recrutement ; astreinte au service extérieur, elle ne se rattache plus dès lors aux forces auxiliaires, mais bien à l’armée régulière. La Réserve spéciale s’est constituée d’abord au moyen d’un noyau d’anciens miliciens qui, au nombre de 48 746 sur 66 949, ont accepté les nouvelles conditions ; puis elle s’alimente par des engagemens volontaires pour six années, contractés de dix-huit à trente-cinq ans, avec faculté de rengagement jusqu’à quarante ans.

L’armée régulière ayant été dotée d’une seconde réserve, il convenait encore de la rendre rapidement mobilisable en vue du rôle nouveau qui lui était assigné de prendre part au besoin à une guerre continentale. A cet effet, ou pourvut, dès le temps de paix, de tous ses services la plus grande unité tactique, la Division. L’armée pouvait jusqu’alors constituer les unités combattantes de six divisions d’infanterie et d’une division de cavalerie, mais le nombre des non-combattans était loin de répondre aux besoins de la guerre ; c’est tout au plus même si le matériel des services existait. D’autre part, bien qu’attribuant à ceux-ci le personnel nécessaire, on désirait augmenter le moins possible la dépense. M. Haldane a pensé « que les services, ainsi que certaines unités, comme les colonnes de munitions, par exemple, pourraient être formés, en grande partie tout au moins, non avec des soldats de l’armée régulière dont le prix de revient est