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Pendant la campagne du Transvaal, il s’était produit quelques défaillances dans la troupe : à la bataille de Colenso, par exemple, les bataillons engagés en première ligne, arrêtés par le feu, ne purent plus être reportés en avant ; ils avaient cependant subi des perles inférieures en moyenne à 7 p. 100 de leur effectif ; le plus éprouvé avait seulement 12,5 p. 100 de ses hommes hors de combat ; pourtant ces unités étaient commandées et entraînées par des officiers et par des sous-officiers particulièrement braves, qui payèrent largement de leur personne. Il importait donc tout d’abord de relever le moral du soldat ; les moyens suivans y pourvurent : allocation de soldes fort élevées et efforts considérables pour assurer aux hommes libérés des emplois civils. En ce qui concerne la solde, le simple troupier anglais, après avoir acquitté les dépenses de blanchissage et de nourriture, reçoit par semaine un prêt franc variant de 6 fr. 15 à 13 fr. 85, tandis que notre pauvre petit soldat touche ses sept sous de poche. À la solde s’ajoutent encore des allocations afférentes à certains postes spéciaux ou à certains travaux ; en outre, les hommes en permission reçoivent non seulement leur paie entière, mais une indemnité de vivres de 0 fr. 60. Beaucoup d’ouvriers sont certes moins bien traités.

En vue d’assurer aux libérés un emploi civil, de puissantes sociétés particulières se sont fondées et viennent en aide à l’État : de 1905 à 1907, 81 p. 100 des hommes ayant quitté le service avec un certificat de bonne conduite ont été placés presque pour moitié dans des établissemens privés. Ce fait est l’indice d’un mouvement d’opinion caractéristique en faveur de l’armée. En 1905, une commission fut nommée à l’effet d’étudier la question du placement des hommes libérés. Elle proposa les mesures suivantes. Donner au soldat un enseignement professionnel pendant son temps de présence sous les drapeaux, ce qui est possible en raison même de la longue durée du service ; le tenir exactement au courant des conditions du marché ouvrier et mettre en même temps à la disposition des patrons des renseignemens détaillés sur les hommes libérés. Ces conclusions furent adoptées ; l’enseignement professionnel fonctionne aujourd’hui dans les corps de troupe ; on espère résoudre ainsi le problème de l’amélioration du recrutement.

Toutes ces mesures semblent donner déjà des résultats. Au point de vue physique, on se montre plus difficile ; en