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financière[1] ; elle donne aussi la possibilité de régler la proportion entre le nombre des hommes sous les drapeaux et celui des réservistes : par exemple, il existe en ce moment des déficits dans les réserves de l’artillerie de campagne : on compte y parer en réduisant un peu la durée du service actif pour tout ou pour une partie du personnel de cette arme. L’élasticité d’une pareille organisation est évidente.

La Réserve de l’armée régulière est divisée en plusieurs sections ; l’une d’elles, section A, comprend tous les soldats libérés depuis moins d’un an, 5 000 environ, qui sont volontairement disponibles pour des expéditions de peu d’importance ne nécessitant pas le rappel général des réserves. Cette disposition logique contribue à la souplesse de l’organisation. Les autres sections comprennent le reste des libérés de l’active et les hommes rengagés dans la réserve. Dans leurs foyers, les réservistes reçoivent une solde journalière fixée à 1 fr. 25 pour ceux de la section A et à 0 fr. 60 pour les autres. Cette mesure est très particulière à l’Angleterre.

L’armée régulière était groupée en corps d’armée, unités trop lourdes pour une troupe coloniale. La mobilisation de ces corps, insuffisamment préparée, exigeait un temps extrêmement long, car les services (intendance, transports, etc.) n’existaient pas ou étaient très médiocrement constitués. Les officiers, remarquables de courage, — ainsi que le prouve l’énormité de leurs pertes dans les combats contre les Boers, — se reposaient trop, en temps de paix, sur les sous-officiers à qui était abandonnée, pour ainsi dire, toute l’instruction militaire. Ces derniers, anciens en général et excellens pour diriger l’instruction de détail, le maniement d’armes ou l’exercice à rangs serrés, étaient incapables cependant d’adapter les méthodes de combat aux nécessités de la guerre moderne ; tel n’est d’ailleurs pas leur rôle. Dès lors, l’armée était entachée d’un formalisme et d’un archaïsme dont les inconvéniens se firent cruellement sentir au Transvaal.

La milice est d’origine fort ancienne ; elle remonte aux archers de Crécy. Le service, volontaire en principe, y fut rendu

  1. De l’égalité absolue de la durée de service, que nous trouvons seulement en France, résulte une mauvaise utilisation des forces et des finances du pays : en effet si, pour l’infanterie, on peut se contenter de deux années de service bien employées, cette même durée est insuffisante pour la cavalerie, trop forte pour le train et pour certains corps.