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BISMARCK ET LA PAPAUTÉ
LA GUERRE (1870-1872)

II[1]
LA FORMATION DU CENTRE ET LES NATIONAUX-LIBÉRAUX

Lorsque la dépêche d’Ems, insidieusement remaniée par Bismarck, fit à travers l’Allemagne un bruit de fanfare, la Prusse tout entière se dressa. Les catholiques du Rhin, dont beaucoup, après 1815, n’avaient endossé qu’avec mauvaise humeur l’uniforme des Hohenzollern, s’apprêtèrent tout de suite à venger les susceptibilités germaniques. Un de leurs prêtres, Janssen, qu’allaient bientôt illustrer ses travaux d’histoire, avait, dès 1861, dénoncé la France comme une convoiteuse, et dressé la liste amère de tous nos manques de respect envers l’inviolable Rhin. Poète à ses heures, ou citait de lui, aussi, quelques vers à Frédéric Barberousse ; il semblait qu’il y fit surgir l’Empereur, et que la même épée dont autrefois Barberousse avait menacé le Pape, dût aujourd’hui viser ailleurs, et frapper ailleurs.

Un autre catholique avait à son tour chanté : « Quand s’éveillera-t-il, le vieux dormeur du Kyffhaüser ? Au peuple uni manque un pasteur, à l’Empire uni manque un Empereur. » Cette strophe datait de 1862 ; elle était du médecin Weber, que

  1. Voyez la Revue du 1er janvier 1910.