fait de très grands, progrès. Le soin de ces deux maisons qui prospèrent fait ici mon plus grand délassement…
« Je réfléchis que tu vas me répondre que quelques nobles ne font pas Naples, et que leur malheur ne peut pas attrister toute la ville. Mais ces nobles ont des cadets à qui ils font des rentes, des personnes auxquelles ils paient des pensions, et des créanciers nombreux. Tout ce monde-là partage leur misère. Ajoute à cela qu’ils ne font plus de dépense et que le commerce en souffre. Les marchands d’objets de luxe ne vendent plus rien et plusieurs sont ruinés.
« Adieu, mon cher ami, crois toujours à toute ma tendresse. »
Lorsque cette lettre parvint au camp royal, il y avait quatre mois que Murat, après le rapprochement survenu à Compiègne, entretenait avec sa femme des rapports affectueux et confians, Pendant tout ce temps, il s’était laissé dire, insinuer, demander et même reprocher beaucoup de choses. Encore fallait-il que la mesure ne fût point dépassée. Cette fois, la Reine avait trop présumé de son crédit ; l’ingérence était trop directe, trop âpre, et elle attaquait le Roi à un endroit bien sensible, dans sa sollicitude pour ces classes plébéiennes dont il entendait faire la base de son pouvoir, à l’encontre des personnages et des intérêts d’ancien régime. Devant cette façon d’incriminer toute sa politique, il se cabre brusquement, riposte par une rude rebuffade. Il écrit à la Reine une lettre très dure, violente, amère ; nous n’en connaissons qu’un passage par l’allusion qu’y fait la correspondance de Caroline. Dans ce passage, Murat disait à sa femme qu’elle prenait parti contre lui, qu’elle embrassait contre lui la cause de ses ennemis.
Par une coïncidence déplorable, ce sanglant reproche atteignit la Reine deux jours après qu’elle eut éprouvé un grave accident de santé : une fausse couche dont les suites se feraient longuement sentir. C’est en pleine crise physique qu’elle reçoit le coup ; elle le ressent profondément, cruellement, et prévoit les conséquences : son mari remis en défiance, en disposition soupçonneuse et presque hostile, le résultat d’une longue habileté en un instant détruit. Dans la première quinzaine de septembre, la Reine passe des journées pénibles, d’autant plus que tout concourt à lui mettre les nerfs à la torture. Un souffle embrasé, un souffle d’angoisse pèse alors sur Naples. Le Vésuve