« Voilà, voilà, mon amie, ce que je m’efforcerai d’éviter pour l’amour de toi, pour mes pauvres enfans, mais ce qui arrivera, si l’Empereur continue à se laisser aller à sa fausse politique et écoute toujours les conseils perfides des Savary (noms rendus illisibles ; et Cie. Tu le sais, tu connais le fond de ma pensée. Qui aima davantage l’Empereur, qui le servit mieux, et cependant sans motif il me menaça de faire tomber ma tête, et depuis, malgré tout ce que j’ai pu lui écrire, malgré mes sacrifices, malgré tout ce que je fais ici, il ne m’a pas répondu une seule fois, il garde le silence et me fait connaître ses volontés par ses ministres, m’envoie des médailles par son grand chambellan et des leçons par le Moniteur. Tu sais que tout cela ne me faisait rien quand j’étais sûr de son cœur. Il a cherché, par exemple, à s’excuser sur la mission de l’aide de camp de Clarke à Naples sur la défense qu’il a faite de tenter le passage. à moins de 15 000 hommes, mais cet ordre n’a pas été révoqué, il existe toujours ; mais son ministre écrivait au mien que l’Empereur m’ôterait le commandement de l’armée, il l’écrivait au chef de l’état-major, il l’écrivait au maréchal Pérignon ; l’aurait-il fait, s’il n’avait pas voulu me déconsidérer, ne se serait-il pas borné de me l’écrire ou de me le faire écrire, s’il avait eu pour moi ses anciens sentimens ? Quel besoin avait-il de faire connaître à mes subalternes des intentions aussi ennemies ? Enfin, que lui fait le roi d’Espagne ? Ne lui a-t-il pas garanti la totalité de son royaume ; n’a-t-il pas garanti aux Espagnols ? De quel droit envoyer de nouvelles troupes en Westphalie ? De quel droit vouloir introduire à Naples les marchandises françaises pour rien et charger d’impôts celles de Naples qui sont importées en France ? J’en conçois la raison, c’est celle du plus fort, si ce n’est pas celle du plus juste. Je conçois qu’il doit être le maître de vouloir qu’on marche dans son système et que nous devons le consulter pour des mesures politiques ou importantes que nous avons à prendre ; il doit être notre Mentor et non pas notre maître ; on n’est pas roi pour obéir. Ensuite, comment a-t-il pu annoncer aux peuples qu’il a confiés aux princes de sa famille que ces princes doivent s’occuper des intérêts des Français avant de s’occuper de ceux de leurs peuples ? En vérité, on ne peut concevoir les motifs ni le but d’une semblable maxime.
« Ma chère Caroline, je n’en finirais pas si je voulais trouver des torts, mais cela n’aboutirait à rien. Prenons patience,