gans on accorde l’emploi du flamand en pays flamand comme langue judiciaire et administrative. Aux petits propriétaires fonciers, solide réserve du catholicisme politique, on concède un abaissement du cens électoral souligné par le refus d’admettre, avec le cens, les capacités. C’est d’ailleurs le moment où le Saint-Siège, durement éprouvé par la prise de Rome, appelle à lui les fidélités réconfortantes. Les catholiques belges sont parmi les plus ardens à soutenir la cause du trône pontifical. Ils ont lu le Syllabus et ils l’acceptent. Ils condamnent « la liberté de l’erreur. » Ils refusent tout pacte avec le libéralisme, fût-ce le plus orthodoxe. Ils menacent leurs adversaires du refus des sacremens. Ils sont ultramontains frénétiquement et, dans leurs fêtes, on porte le toast au Pape avant le toast au Roi. Le Cabinet, docile pourtant, est accusé de tiédeur. Une nuées de pétitions l’assiège soit à propos du mariage civil, soit à propos du régime des cimetières. C’est un cléricalisme autoritaire et agressif, fait pour donner raison à ceux qui imputent aux partis confessionnels des tendances antinationales ; un cléricalisme imprudent qui ne choque pas que des convictions, et qui lèse des intérêts.
La réaction est donc inévitable. Elle se produit sans tarder. On a dit que les partis se défont au pouvoir et se refont dans l’opposition. C’est, alors, le cas des libéraux qui, n’ayant pas su garder la majorité, se préparent à la reconquérir. Le Roi leur est favorable. Car l’ultramontanisme le blesse. Il craint pour la paix publique et il reproche aux catholiques leur obstination négative en matière militaire. L’union libérale qui se prépare sera donc essentiellement anticléricale. C’est le temps de la lutte religieuse outrée, déchaînée dans les livres, dans les revues, dans les journaux, dans les meetings, l’exploitation de tous les incidens locaux, de toutes les questions de personnes, faite pour impressionner les électeurs. En 1878, le jeu réussit. Les libéraux ont dix voix de majorité : c’est assez pour former un gouvernement de combat présidé par Frère-Orban, doctrinaire hautain et irascible, qui incarne l’anticléricalisme bourgeois et conservateur, étatiste et antiromain. Il tient le pouvoir exécutif et il s’en sert pour étendre les droits de l’État : autant de pris sur les catholiques. Abrogation de la loi de 1842 sur l’enseignement primaire, création d’un ministère spécial de l’Instruction publique, obligation imposée à chaque commune d’avoir