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intéressantes Notes anglaises sur les élections que le Temps a publiées durant ce dernier mois, est en relations personnelles avec un des canvassers du candidat libéral dans la circonscription de Peckham, un des faubourgs populeux de Londres. La lutte dans cette circonscription est particulièrement ardente. Aux dernières élections générales, elle avait nommé un Libéral. La circonscription étant devenue vacante par la mort de celui-ci, elle a nommé à sa place un Unioniste ; c’est donc pour les Libéraux un siège à reconquérir, et ils s’y emploient avec ardeur. Les canvassers de bonne volonté sont nombreux. C’est avec l’un d’eux que nous avons rendez-vous à sept heures, au siège du comité libéral de Peckham. André Chevrillon, que la même curiosité a appelé à Londres, est de la partie. C’est une vraie bonne fortune pour moi. que de rencontrer ce compagnon de tournée, et de pouvoir échanger avec lui des réflexions sur les choses anglaises qu’il connaît beaucoup mieux que moi, et dont il a si bien parlé. Nous partons de Westminster Bridge et, de tramways en tramways, nous finissons par arriver à Peckham. En cours de route, croisant à chaque instant d’autres tramways, bondés de monde, je suis frappé du mouvement, de l’animation de ces grandes artères des faubourgs de Londres, de l’éclat des lumières dans les boutiques et les marchés en plein vent. Toujours et partout, la vie intense. Les affiches sont beaucoup plus nombreuses ici qu’à Londres. Il y a aussi des boutiques où sont exposés les produits étrangers qui viennent faire concurrence au commerce anglais. Je voudrais y entrer, mais l’heure du rendez-vous nous presse. Nous arrivons au siège du comité libéral dont les murs sont tapissés d’affiches. Les Libéraux jouent moins de l’affiche que les Unionistes, et leurs affiches sont moins frappantes. L’une est cependant de nature à faire impression. Une femme du peuple est représentée en haillons, entourée d’enfans, les mains jointes ; elle s’écrie : Pray dont let them tax their food, dit-elle. « Je vous en prie, ne laissez pas taxer leur nourriture. » Le bureau est rempli de canvassers de bonne volonté ; des femmes, des jeunes filles mettent des lettres ou des brochures sous bande. Celui qui nous attend est un tout jeune employé de banque. Il travaille l’après-midi dans la Cité, et il consacre ses soirées au canvassing. Nous partons avec lui et, quittant la grande rue, nous nous engageons dans une rue latérale qui lui a été confiée. Il a des fiches sur lesquelles sont inscrits les