Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/568

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le quartier. On me répond que non et que, s’il vient, c’est seulement pour défendre les ducs who were abused. À ce propos, je ne saurais assez dire combien, dans ce pays, j’admire l’ardeur civique avec laquelle les grands chefs des deux partis prennent part à la lutte et soutiennent leurs partisans. Il n’en va pas ainsi dans notre pays, où, surtout en période électorale, chacun ne s’occupe que de sa petite affaire, sans s’inquiéter de ce que devient son voisin. Les membres du Cabinet font de véritables tournées et ils vont tenant des meetings du Nord au Sud de l’Angleterre. Mais les Unionistes ne demeurent pas en reste. Le marquis de Lansdowne et M. Balfour parlent aussi souvent que M. Winston Churchill et M. Lloyd George, et vont, de-ci de-là, soutenir leurs partisans. Presque tous les jours je lis le compte rendu de quelque meeting où un Lord a pris la parole. Bourget serait content ; il y a, derrière la Barricade, des gens qui ne sont pas d’humeur à la laisser enlever. Le duc de Norfolk lui-même arrive de Northampton où il a présidé une réunion. Il sera ailleurs demain. Son nom étant universellement connu et respecté, on compte beaucoup sur sa présence, pour attirer du monde ce soir à la réunion. Aussi m’a-t-on bien recommandé d’être au siège du Comité conservateur de Brixton avant l’ouverture des portes de la réunion qui doit avoir lieu à 8 heures.

La circonscription de Brixton qui est située au-delà de la Tamise, à vingt minutes en moto car de l’hôtel, où je suis descendu, est habitée en grande partie par des ouvriers aisés, des contremaîtres, des petits boutiquiers ; ce n’est ni un des quartiers riches, ni un des quartiers pauvres de Londres. C’est quelque chose comme notre faubourg Saint-Antoine ou notre quartier de Popincourt. Le Comité conservateur est installé 266, Brixton Road. La façade en est brillamment éclairée au gaz. Sur un bâti en planches de trois ou quatre mètres de haut sont apposées des affiches de toute sorte et de toute couleur sur le caractère desquelles je reviendrai. D’une façon générale, il y a une bien moindre débauche d’affiches, dans Londres même, que je ne croyais et qu’il n’y aurait certainement dans des circonstances semblables à Paris. Cela tient à ce que des affiches ne peuvent être apposées que dans certains endroits ; mais là où il est possible d’en mettre, on se rattrape. Du siège du Comité un aimable guide me conduit à l’endroit où doit avoir lieu la