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DIX JOURS EN ANGLETERRE
PENDANT LES ÉLECTIONS

M. le comte d’Haussonville a passé en Angleterre la semaine qui a précédé le premier jour de vote et la moitié de la semaine précédente. Il nous a envoyé les notes prises par lui au jour le jour. Nous publions ces notes, dans leur forme rapide et familière. Les quelques contradictions qu’elles renferment sont la preuve de leur sincérité. Nous espérons, bien que la période électorale soit close et le résultat acquis, qu’on les lira encore avec intérêt.


La curiosité m’a pris d’assister à la dernière période des élections anglaises : curiosité d’esprit, curiosité des yeux. J’ai le sentiment que nous ne comprenons pas très bien en France ce qui se passe là-bas ; je voudrais m’en rendre compte sur place et tâcher d’y comprendre quelque chose. Je voudrais aussi voir l’Angleterre, ce pays qui m’a toujours semblé, toutes les fois que j’y suis venu, si correct, où hommes et choses m’ont toujours paru si bien à leur place, en proie à cette fièvre électorale qu’on m’a toujours dit être encore plus intense en ce pays-là qu’en France. « Je suis né curieux ; je mourrai curieux, » disait un jour Sainte-Beuve à M. Guizot par qui je l’ai entendu raconter, Anch’io, je mourrai curieux ; c’est malheureusement ma seule ressemblance avec Sainte-Beuve. Lors même qu’on n’a plus rien à attendre de la vie, on peut encore s’y intéresser. On peut surtout lui demander des spectacles nouveaux. Rien de moins vrai que le : Nihil sub sole novum de l’Ecclésiaste, excepté le : Eadem sunt omnia semper de Lucrèce. L’aspect du monde au contraire se renouvelle sans cesse et les choses ne sont jamais