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REVUE MUSICALE


THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : Myrtil, conte musical en deux actes ; paroles de MM. Villeroy et Ernest Garnier, musique de M. Ernest Garnier. — Le Cœur du moulin, pièce lyrique en deux actes, poème de M. Maurice Magre, musique de M. Déodat de Séverac. — Quelques œuvres de Charles Hordes. — Concerts de M. Edouard Risler.


L’Opéra-Comique a donné, le mois dernier, deux ouvrages également vertueux comme sujet, mais, quant à la musique, de vertu fort inégale.

Myrtil est une histoire grecque : celle des amours, innocentes et cependant punies, d’une jeune prêtresse de Diane avec le bel Hylas, aimé lui-même d’une bacchante jalouse, et qui se venge à la fin. Le poème est peu de chose, et la musique n’est rien de plus que le poème. Le tout, par certains côtés, confine à l’opérette, et par d’autres, plus nombreux, donne l’impression d’une « cantate de Rome, » ou « pour Rome, » qui serait longue, ennuyeuse et n’aurait pas le prix. Les raisons de représenter des œuvres semblables sont de celles que la raison ne connaît pas.

Les raisons du Cœur du moulin se comprennent mieux. Le sujet, moderne cette fois, rustique et languedocien, n’est pas moins édifiant que l’autre, si même il ne l’est davantage. Dans un village du Midi de la France, Marie et Jacques se sont aimés naguère. Puis Jacques a quitté le pays pour aller dans les villes lointaines. Comme on ne savait plus rien de lui, Marie, le croyant oublieux, mort peut-être, est devenue, sans amour, la femme de Pierre. Or, un soir de vendange, voici que Jacques revient, toujours aimant, et retrouve Marie, qui l’aime toujours. Alors !… Eh bien ! pas du tout. C’est que Jacques n’a pas retrouvé que Marie. Le ciel et la terre natale, la maison maternelle