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questions posées les réponses les moins pénibles, celles qui demandent le moins d’effort, qui se font par oui et par non ; la suggestibilité est mise en jeu aussi par la crainte et par la vanité. Les débiles sont également inconsciens des conséquences de leurs accusations, et, par suite, incapables de comprendre la portée de leur témoignage. Aussi peut-on conclure qu’à une faible débilité intellectuelle correspond nécessairement une grande incapacité testimoniale.

Le plus souvent, à la débilité se joint la déséquilibration de l’esprit. L’activité psychique est alors non seulement pauvre, mais encore inégale et désordonnée ; il existe non seulement une insuffisance générale de la mentalité, mais des déviations, des perversions des appétits et des instincts, des tendances pathologiques variées.

Ces débiles, infantiles psychiques persistans, sont ceux dont j’ai étudié les manifestations mythopathiques, en montrant que les fausses dépositions, les mensonges, les fables qu’ils débitent, les simulations qu’ils organisent, sont provoqués par les perversions instinctives et les tendances vicieuses qui s’associent chez eux à la mythomanie. Ces élémens pathologiques, qui poussent ainsi au faux témoignage un grand nombre de débiles sont : la vanité, la malignité et la perversité. J’ai ainsi distingué trois classes de Mythomanie vaniteuse, maligne et perverse, souvent associées d’ailleurs chez les mêmes sujets débiles et vicieux, et qui engendrent les auto-accusateurs mensongers, les hétéro-accusateurs criminels, les faux enfans martyrs, les prétendues victimes de sévices dramatiques, les dénonciateurs de forfaits imaginaires, principalement d’attentats à la pudeur et de viols, etc.

On voit ainsi s’exercer, dans la spontanéité impulsive de ses manifestations, la mythomanie maligne de ces sujets pervers, qui mentent et simulent simplement pour se divertir ; accusent et dénoncent autrui uniquement pour semer le mal autour d’eux, et s’attaquent ainsi à des personnes qui n’ont en rien mérité leur rancune ou leur vengeance. Dans d’autres cas, on voit s’associer la vanité et la malignité, à l’origine occasionnelle de l’accès mythomaniaque : les petits vicieux, à la fois enchantés d’occuper d’eux l’opinion publique et heureux de nuire, se complaisent en des fables odieuses, avec lesquelles ils font, du même coup, autant de bruit que de mal.

Enfin, certains enfans, plus débiles d’esprit que malins de