réactions psychiques, la plupart des caractères que retrouve l’anthropologie, à l’origine de la pensée humaine. Aussi l’enfant, véritable primitif, peut-il être considéré comme le représentant actuel des périodes préhistoriques de l’esprit humain, et, pour ainsi dire, comme un spécimen moderne de paléopsychologie.
L’enfant, sans expérience, sans jugement, dépourvu de ces données de comparaison et de contrôle qui forment l’esprit critique, est un être peureux, imaginatif et suggestible, qui offre dans son fonctionnement cérébral tous les élémens d’une activité mythique naturelle et incessante.
Cette activité mythique s’éveille chez lui, dès les débuts de la vie psychique elle-même, s’accuse avec les progrès du développement de l’esprit et va ensuite en s’atténuant, pour disparaître chez les sujets normaux, vers l’âge de la puberté. La tendance mythique persiste, au contraire, au-delà de la puberté chez les sujets anormaux, auxquels convient le nom de mythomanes, et se traduit chez eux, au cours de leur vie, par des manifestations pathologiques, qui indiquent leur tendance constitutionnelle au mensonge, à l’invention, à la fabulation et à la simulation.
Si l’enfant est normalement disposé à altérer la vérité, à mentir et à fabuler, c’est parce que, chez lui, l’écorce cérébrale, substratum organique de l’activité psychique, n’est pas encore complètement développée. Avec les années, les progrès du développement cortical enrichissent le dépôt des matériaux sensoriels, multiplient les connexions régionales et, par conséquent, les associations d’images, d’idées et de tendances. L’apprentissage de la perception se fait par l’éducation des sens ; la richesse de la mémoire s’accroît par la répétition des expériences ; les fantaisies de l’imagination s’amendent, les écarts du jugement se corrigent par la comparaison, le contrôle et la réduction réciproque des données de l’expérience les unes par les autres. Ainsi se réalise, par le développement et l’exercice de toutes ces fonctions, l’équilibre harmonieux des facultés psychiques. Dans le conflit incessant des apports sensoriels qu’il reçoit du monde extérieur et des réactions psychiques qu’il leur oppose, l’être normal en voie de croissance ne cesse, dans son évolution vers l’âge adulte, de s’adapter peu à peu au monde extérieur et d’accomplir des progrès dans l’aptitude à percevoir la vérité, à la retenir et à la reproduire par le discours ; c’est dire qu’il tend