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quelques Cabinets, mais il ne sera pas écouté. Je le répète, on conservera vis-à-vis de lui beaucoup de formes ou même beaucoup d’égards, mais cela n’ira pas plus loin. L’armistice étant illimité, la dénonciation de l’armistice devant être faite aux cinq puissances, comme je l’ai proposé au nom du Cabinet français, on ne peut plus bouger ni du côté de la Hollande, ni du côté de la Belgique. Il ne nous reste plus à trouver qu’un souverain à la Belgique, et l’Angleterre est disposée à s’entendre complètement avec nous sur ce point ; je puis vous l’assurer. Nous aurons la réponse du roi des Pays-Bas jeudi ou vendredi 17. Si l’envoyé de la Belgique arrive aussitôt que vous le croyez à Paris et ensuite à Londres, il ne faudra pas grand temps pour conclure cette grande affaire. — Adieu, mille amitiés.


La lettre suivante répond à une dépêche du 30 décembre dans laquelle le général Sébastiani, après avoir parlé des séances enfiévrées de la Chambre et des attaques qui avaient été dirigées contre le prince de Cobourg, avait passé en revue les autres candidatures au trône de Belgique, sans excepter celle du Duc de Nemours qui aurait eu évidemment ses préférences, s’il en avait cru le succès possible. « Cependant, dit-il, nous ne voudrions pas, pour y parvenir, nous placer dans une position violente qui nous obligerait à faire la guerre contre l’Europe entière et à y ébranler tout l’ordre social déjà chancelant. Toutefois, la pensée d’un système si complet pour nous, et pour les autres Etats, doit s’offrir à notre esprit, mon prince, avec tout ce qu’elle a de grand et de vrai. S’il faut l’abandonner, ce sera un sacrifice d’autant plus pénible qu’aucune idée d’ambition n’en altère la pureté. »

M. de Talleyrand répondit :


Londres, 3 janvier 1831.

Mon cher général, — J’ai lu plusieurs fois avec la plus grande attention votre lettre du 30. Je suis bien aise de m’expliquer confidentiellement avec vous sur ce qu’elle contient. Il es ! évident que deux opinions partagent en ce moment la France et qu’elles ont trouvé des échos dans le conseil du Roi. L’une qui voudrait nous pousser à la guerre emploie tous les moyens directs ou indirects pour parvenir à son but. Ceux qui sont à la tête de cette opinion n’ont pas d’autre pensée que d’arriver au