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soit avec leur ministre, soit avec leur souverain, soit avec d’autres personnages importans, et cette seconde correspondance, plus familière, plus confiante, plus intime, aide souvent à mieux comprendre le secret des choses, dont elle montre les dessous. C’est de cette correspondance du prince de Talleyrand que nous publions quelques extraits. Ils seront suivis de lettres plus curieuses encore écrites par le roi Louis-Philippe à son ministre des Affaires étrangères.

Ces documens se rapportent à des faits trop connus pour avoir besoin d’être racontés. La France avait un intérêt évident à rompre le faisceau que l’Europe du Congrès de Vienne avait formé contre elle ; mais elle portait, en outre, un intérêt sincère à la Belgique, dont l’histoire se confondait si souvent et depuis si longtemps avec la sienne. Ce brave petit peuple avait lutté autrefois pour son indépendance, même contre les Romains, même contre le plus illustre de leurs généraux, et César n’avait obtenu sa soumission entière que par plusieurs campagnes, cinquante ans avant l’ère chrétienne.

Depuis lors, la suite des événemens n’a présenté pour la Belgique qu’une succession presque ininterrompue de guerres dans lesquelles les gouvernemens de l’Europe ont pris, échangé, partagé entre eux, pour prix de leurs victoires, ces provinces si favorisées par leur sol, si riches parle commerce et par l’industrie, et si ouvertes aux communications avec le monde entier. Que l’on ajoute à des invasions incessantes et imméritées les divisions que, trop souvent, la religion a fomentées et on s’expliquera pour ce peuple généreux la nécessité de constituer son autonomie. Il avait d’ailleurs sa personnalité propre et il entendait la garder.

Vers qui, dans la poursuite de ce but, pouvait-il se tourner avec plus de confiance, que vers la France ? Elle aime, elle considère ses voisins du Nord. Le génie des deux nations est le même. Aussi leur réunion était-elle demandée par un grand nombre de Belges, mais la sagesse des gouvernemens s’y est opposée. Une France plus grande aurait inquiété, ou aurait prêté à simuler l’inquiétude.

C’est avec cet ordre d’idées que s’est ouverte la Conférence des cinq puissances à Londres. La politique de la France était dirigée par le roi Louis-Philippe. Nous avons dit qu’il avait pour ambassadeur à