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secrètement de ne pas le perdre de vue et de faire des rapports fréquens sur lui à ses chefs.

« Les généraux Exelmans et Fressinet ont toujours eu l’intention de passer dans l’Amérique méridionale : mais ils différaient dans l’espoir que leur position pourrait s’améliorer. Ils ont mis de la loyauté dans leur conduite ; le général Exelmans a même été plus loin. L’administration et la police les ont peu inquiétés ; souvent même, on a détruit los impressions que, de leur aveu, les journaux et les débats des Chambres produisaient successivement dans leur esprit. Rien n’a pu les rassurer contre l’appareil des visites et des perquisitions de l’autorité militaire. Ils ont pensé avec assez de raison que, pour surveiller, il ne faut pas de baïonnettes : dès lors, ils ont exécuté leur projet.

« On voit qu’un officier anglo-américain en a été l’entremetteur ; mais, chose remarquable, ce n’est qu’après coup que le préfet en est instruit. Sa surveillance, cette surveillance tacite et mystérieuse qui s’attache aux démarches et aux relations des individus qui en sont l’objet, est visiblement en défaut. Il a encore eu un tort, c’est de n’avoir point pris en considération l’autorisation qu’il avait depuis un mois d’éloigner le général Fressinet. Ce n’est pas le moment de le lui reprocher ; il va sans doute compléter les renseignemens qu’il a transmis.

« Le but principal de cette note est de soumettre à Son Excellence l’observation suivante : Les deux généraux fugitifs sont actuellement embarqués ou arrêtés ; ils n’ont ni l’envie, ni la faculté de faire une guerre de partisans, ni d’exciter des soulèvemens… »


« Le général Arrighi est arrivé, le 27 au soir, à Draguignan où il doit rester en surveillance. Sa femme, ses deux enfans et un aide de camp, le sieur Fournier, l’accompagnent. Son domestique se compose d’Italiens.

« Le sous-préfet de Gex pense que le général Clauzel est depuis peu de temps dans le pays de Vaud. Les militaires réfugiés dans ce pays sont animés d’un très mauvais esprit ; mais ils sont peu nombreux.

« Une note particulière place le général Ameilh à Romin-Moitiers, même canton, chez un forestier dont il instruirait les enfans, sous un nom supposé. Le général Dupas serait avec lui. Il chercherait, par la protection de M. Laharpe, à entrer au service de Russie.