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L’ÉCOLE BOLONAISE

Vers la fin du XVIe siècle, l’art italien subit une brusque et profonde transformation. Les deux grandes écoles, qui le dirigeaient depuis tant de siècles, la florentine et la vénitienne, semblent disparaître, et une petite école, la bolonaise, dont l’action jusqu’alors n’avait été que bien modeste et restreinte, prend la première place et dicte ses lois à toute l’Italie.

Pourquoi ? Comment un fait si extraordinaire a-t-il pu se produire ? C’est ce que nous voudrions rechercher ici. Nous voudrions montrer que l’apparition et la suprématie de l’école bolonaise ne furent pas des événemens dus au hasard ; nous dirons pour quelles raisons elle devint, à un moment donné, plus apte que toute autre à exprimer la pensée italienne ; nous dirons ses caractères, son succès, son influence dans le monde, et comment elle disparut à son tour, un demi-siècle à peine après avoir été formée.


I. — NÉCESSITÉ D’UNE RÉFORME DE L’ART

Il nous faut d’abord analyser les causes qui rendaient inévitables, vers le milieu du XVIe siècle, une transformation de la civilisation italienne et de ses arts, et qui firent naître cette renaissance chrétienne, ce mouvement de la contre-Réforme, dont le Concile de Trente fut la plus éclatante manifestation. Rome, la Papauté, l’Italie catholique, ne pouvaient plus continuer o vivre dans les conditions qui leur étaient faites et qui étaient le résultat de deux siècles d’ébranlement de la foi religieuse.

Deux causes principales avaient contribué à cet affaiblissement : le réalisme du XVe siècle et le paganisme du XVIe.