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compter d’une manière ferme et durable : aussi M. Sonnino a-t-il essayé de composer un ministère de concentration avec des élémens variés allant de la droite libérale à la gauche démocratique. Il aurait désiré y faire entrer deux hommes considérables appartenant à ce dernier parti. MM. Martini et Finocchiaro-Aprile ; mais le premier, auquel il avait offert le ministère de l’Instruction publique, a exigé que le programme ministériel comprit la laïcisation immédiate des écoles publiques, et le second qu’il comprit une réforme relative au mariage civil qui devrait désormais précéder le mariage religieux. Ces réformes sont réalisées chez nous, mais elles ne sont peut-être pas mûres en Italie : en tout cas, elles n’auraient pas été acceptées par la droite libérale dont M. Sonnino regardait le concours comme nécessaire. Dans ces conditions, MM. Martini et Finocchiaro-Aprile ont retiré leur adhésion à M. Sonnino, dont la situation a paru quelque peu affaiblie. Pourtant, il a dans son ministère des hommes comme M. Luzzatti, l’amiral Bettolo, M. de Guicciardini, dont le concours est une force. Il a confié au dernier le portefeuille des Affaires étrangères que M. Tittoni ne pouvait pas conserver après la démission de M. Giolitti. Tel qu’il est, le ministère Sonnino s’appuie sur une base assez large ; l’expérience seule montrera si elle est aussi solide qu’elle est étendue ; mais ce n’est certainement ni le talent, ni l’expérience, ni la notoriété qui manquent aux nouveaux ministres. Ils feront demain connaître leur programme, et nous leur souhaitons de trouver dans la Chambre une majorité qui ne se contente pas de l’approuver, mais leur permette de l’exécuter.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.