Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/919

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



TRÉSORS ENSEVELIS


Au sein de la forêt profonde, pleine d’ombre,
Dans l’Océan plaintif, les lacs silencieux,
Des trésors inouïs, des richesses sans nombre,
Des joyaux purs et précieux
Reposent loin de tous les yeux.

Connaissons-nous, malgré nos peines et nos courses,
Chaque herbe salutaire au philtre exquis et fort,
Le nombre et le pouvoir mystérieux des sources,
La fleur d’espérance qui dort
Sous les feuilles de l’été mort ?

Lorsque la mer splendide à nos pieds se déroule,
Songeons-nous, enivrés de soleil et de vent,
Aux biens vite engloutis qu’abandonne à la houle
Le vaisseau qui va dérivant,
Perdu sur le gouffre mouvant ?

Savons-nous ce qui gît sous le voile de l’onde,
Cloches d’argent, galions d’or, perles sans prix,
Flottes, palais, cités où vécut tout un monde,
Jardins où des récifs fleuris
Veillent autour de corps meurtris ?

Une nuit seulement, à Noël, chaque année,
Les mystères du sol, des vagues et des bois
Resplendissent soudain dans l’ombre illuminée
Pour celui qui chante à mi-voix
Une prière d’autrefois.

Sous la flamme des yeux, le sourire des bouches,
Cachant tant de désirs, d’indicibles regrets,
Les cœurs sont plus profonds encore et plus farouches,
Ils recèlent d’autres secrets
Que l’Océan et les forêts.