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des habitans, à élever les jeunes filles, bien que le but de leur institut soit de méditer et observer les dix vertus de la Sainte-Vierge. Dans le diocèse de Meaux, l’abbaye de Faremoutiers, ordre de Saint-Benoît, s’engage à s’occuper, à l’avenir, d’enseignement. C’était là le salut, du moins la meilleure planche de sauvetage dans le naufrage qui menaçait l’institut monastique. Tous ces ordres vantent la gratuité de l’instruction qu’ils donnent, et on est frappé de voir combien ce principe était inscrit dans les habitudes, sinon dans les lois, avant la Révolution. A la gratuité s’ajoute çà et là la fourniture des livres et même une part de la subsistance.

Avec l’éducation, la charité est le grand service public que les religieuses rappellent pour demander leur conservation. On sait que là aussi, comme dans l’enseignement, l’intervention de l’Église était prépondérante et le concours des communautés d’une capitale importance. Les Augustines tenaient un grand nombre d’hôpitaux. Les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul avaient déjà mérité cette désignation populaire de Sœurs de charité par leur admirable dévouement aux pauvres. En dehors de ces congrégations, d’autres ordres moins connus prenaient parfois dans l’exercice de la bienfaisance en province une importance considérable, telles les Sœurs hospitalières de Saint-Charles, dont le chef-lieu était à l’hôpital général de Nancy, et qui comptaient 311 professes et 64 maisons répandues dans les diocèses de Nancy, Saint-Dié, Toul, Metz, Verdun, Trêves, Strasbourg, Langres, Châlons, Reims et Besançon. « Leurs fonctions, disait leur mémoire, sont de soulager et de servir les pauvres dans les hôpitaux, maisons de charité et dans les maisons mêmes des pauvres. » C’était là encore une communauté puissante. Combien d’autres groupes de religieuses à rayonnement local répandaient dans les campagnes, dans les petites villes, les bienfaits d’un dévouement acquis à toutes les misères !

C’est avec une agréable surprise qu’en parcourant les dépositions des Sœurs vouées au service des pauvres, on trouve déjà dans l’ancien régime des œuvres qu’on pourrait croire de fondation plus récente. Ainsi, ce n’est pas le XIXe siècle qui a inauguré l’hospitalité de nuit. Les Hospitalières de Saint-Gervaîs, ordre de Saint-Augustin, rue Vieille-du-Temple, nous apprennent qu’elles ont « deux salles d’hôpital dans lesquelles elles reçoivent les pauvres passagers pendant trois nuits seulement, après leur