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LA
VIEILLE FRANCE MONASTIQUE,
SES DERNIERS JOURS, SON ÉTAT D’ÂME
D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS

II[1]
LES RELIGIEUSES


VII

Lorsqu’on passe des religieux aux religieuses en étudiant leur état d’esprit au moment de leur suppression, on dirait qu’il s’agit d’un autre temps et d’un autre pays. Autant le langage, l’attitude des moines nous ont paru trop souvent flottans et relâchés, autant les paroles et les résolutions qui nous viennent des couvens de femmes sont fermes et courageuses. Quelle différence de ton et de vibration !

Les religieuses protestent en masse contre la dispersion qui les menace. Nous allons les entendre affirmer avec un accent extraordinaire qu’elles sont libres, qu’elles sont heureuses, que leur état fait leur bonheur, qu’elles l’ont embrassé de plein gré, et que la seule pensée de le quitter est pour elles une tristesse mortelle. Il y a dans leur profession de foi, dans l’expression de leurs désirs, dans leur volonté de persévérer, dans leurs adjurations à l’Assemblée nationale, une sincérité, une énergie, un élan et aussi une angoisse qui nous émeuvent encore.

  1. Voyez la Revue du 15 novembre.