Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/678

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils ont invité chez eux les délégués des minorités d’Allemagne et des majorités russes et les ont convoqués tous à fonder avec solidité le Néo-Slavisme. Prague a réuni, en juillet 1908, les délégués élus de toutes les nationalités slaves : notamment, pour les Russes, le prince Lwof, le comte Bobrinsky, M. Maklakof, auxquels se joignit bientôt le frère de M. Stolypine ; pour les Polonais de Russie, M. Dmowski, le comte H. Potocki, Chylinski ; pour les Tchèques, MM. Kramarz, Grek.

Tous arrivaient d’accord sur l’urgence : « 1° de réagir contre l’expansion pangermaniste depuis la Baltique jusqu’à Constantinople ; 2° de contrecarrer l’influence allemande sur la Russie et l’Autriche. » Ils se proposaient une étroite alliance intellectuelle et plus tard politique entre les divers groupes slaves contre le germanisme, qui ne se borne pas à gouverner despotiquement les races qu’il a soumises, mais les dépossède, envahit économiquement les pays voisins, s’infiltre dans la bureaucratie de l’Empire russe et s’y cantonne pour favoriser le développement de la civilisation allemande au détriment des Slaves, suscite enfin contre ceux-ci d’autres petites nationalités en entretenant en Europe une campagne de calomnies à laquelle sont affiliés des écrivains de la notoriété de Biörnson. Il s’agissait d’organiser l’alliance des Slaves pour la défense de la langue tchèque en Bohême et de la langue polonaise dans l’ancien royaume et le grand-duché de Posen, en montrant aux Russes l’intérêt qu’ils y avaient, car les Polonais reconnaissans n’hésiteraient point, en cas de guerre, à oublier leurs vieux griefs et à employer tous les moyens pour combattre l’ennemi commun.

On proclama préalablement le but pacifique de cette entente entre « consanguins, » fondée sur une absolue égalité de droits et le respect réciproque des individualismes nationaux. Le leader tchèque, docteur Kramarz, ayant rappelé que le différend polono-russe était le principal obstacle à l’organisation de la question slave et affectait la cause commune d’un énorme préjudice, M. Dmowski déclara que, combattant sur leur territoire pour sauvegarder leur développement national, les Polonais ne faisaient pas dépendre de cette lutte leur attitude dans la question slave ; ils étaient même prêts à s’entendre avec les Ukrainiens, malgré l’assassinat du gouverneur de la Galicie comte Potocki. Au nom de la délégation russe, M. Krassowskiy promit qu’elle s’efforcerait de faire disparaître tous les obstacles