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C’est le monde végétal et le soleil qui opèrent cette régénération nécessaire à la vie animale.

Les plantes à chlorophylle, exposées à la lumière, absorbent l’acide carbonique de l’atmosphère, fixent le carbone et forment l’amidon et les hydrocarbones que l’animal retrouve dans ses alimens. Ce stade végétal du cycle du carbone ne s’accomplit qu’à la lumière (dans l’obscurité, la plante fonctionne comme l’animal). Le stade de reconstitution utile pour l’animal est donc la vie végétale à la lumière ; le grand agent de ce stade est donc le soleil.

Et ainsi le cycle du carbone apparaît comme formé de deux grandes périodes : 1° Stade d’accumulation d’énergie : sous l’influence de la lumière, les végétaux font avec l’eau et l’acide carbonique de l’atmosphère (aqueuse et aérienne) des hydrocarbones et de l’oxygène ; 2° Stade de libération d’énergie : les animaux font avec l’oxygène et les hydrocarbones de l’acide carbonique et de l’oxygène. Dans ce second stade, l’énergie chimique est libérée, tandis que dans le premier elle était empruntée à la lumière solaire et accumulée. C’est ainsi que la force de nos contractions musculaires est empruntée au soleil par l’intermédiaire des végétaux vivans.

J’emprunterai le second exemple au cycle, à travers le monde vivant, de l’azote des matières albuminoïdes.

L’homme détruit les matières albuminoïdes comme il détruit les hydrocarbones. Comment ces albuminoïdes se reconstituent-elles ?

Par l’intermédiaire des végétaux, de la terre, de l’air et des microbes (végétaux microscopiques) de la décomposition organique. Les microbes de la terre semblent être les premiers agens de la transformation de l’azote en produits (nitriques, ammoniacaux) qui sont ensuite transformés par les végétaux plus élevés en matières albuminoïdes. Certains végétaux (légumineuses) peuvent faire directement des albuminoïdes avec l’azote de l’atmosphère ; mais ces végétaux portent, sur leurs racines, des microbes qui doivent collaborer à cette transformation.

Ces albuminoïdes végétales nourrissent les animaux qui en font les albuminoïdes animales, et l’homme emprunte ses albuminoïdes à sa double alimentation, végétale et animale.

Les produits de transformation intra-animale des albuminoïdes, l’urée par exemple, donnent du carbonate d’ammoniaque