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de l’éponge et de chercher comment ils se développent. La vie animale de l’homme nous aide à comprendre celle de l’éponge ; mais la réciproque n’est pas vraie. »

En somme, Comte conclut que « nous ne saurions jamais rattacher le monde organique au monde inorganique que par les lois fondamentales propres aux phénomènes généraux qui leur sont communs ; » et il déclare « irréductible » le « caractère biologique » des « phénomènes de la vie. »

C’est la conclusion de M. Émile Boutroux : « Les lois zoologiques ne sont pas ramenées aux lois physicochimiques, » et de Renouvier : « L’aphorisme célèbre de Leibniz, nisi intellectus ipse, prononcé à propos de la réduction des idées aux sensations, est également vrai comme un nisi ipsa vita appliqué à la réduction de la physiologie au mécanisme. »

« Je suis, dit M. Bergson, unité multiple et multiplicité une… l’évolution de la vie dans la double direction de l’individualité et de l’association n’a rien d’accidentel. Elle tient à l’essence même de la vie. »

Rien n’est plus vrai.

Je l’ai dit plus haut pour les leucocytes, et cela peut se généraliser : chacun des élémens cellulaires de nos tissus forme une unité vitale ; tous ces individus élémentaires, par leur association, forment l’homme, l’animal, la plante ; ces nouvelles unités, à leur tour, s’associent et forment l’espèce, unité vitale supérieure. Enfin, le monde vivant tout entier (animaux et végétaux) a son unité bien remarquable et bien définie.

Le cercle de la vie individuelle a son complément dans le cycle de la matière à travers la totalité des êtres vivans.

Ainsi on sait que l’homme et les animaux tirent leur force et leur énergie des alimens hydrocarbonés, qu’ils brûlent et transforment en chaleur et en activité musculaire : ce qui a fait dire que ces alimens sont des « accumulateurs d’énergie. » Mais, en dégageant et en utilisant ainsi cette énergie accumulée, les animaux détruisent ces hydrocarbones et ne rejettent dans l’atmosphère que de l’eau et de l’acide carbonique.

Comment, par quel mécanisme et dans quel lieu cette eau et cet acide carbonique prennent-ils, accumulent-ils de l’énergie et reforment-ils ces substances hydrocarbonées nécessaires à l’activité animale ?