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et la zoologie fut, dit M. Bergson, un succès remporté par la vie. » De même, pour chaque individu, la vie est une bataille dont l’issue n’est définitivement désastreuse pour le sujet que le jour de sa mort.

Les rapports de l’être vivant avec l’étranger ne sont cependant pas, nécessairement et toujours, des rapports de bataille, de lutte et de guerre. Dans le milieu extérieur, notre organisme prend constamment de la matière et de l’énergie qui sont indispensables à l’entretien et à l’accroissement de sa vie. Donc, d’abord il vit de l’étranger.

Mais, de ce même milieu extérieur, lui viennent des étrangers inutiles, inassimilables, nuisibles, qui ne portent dans l’organisme où ils pénètrent que des élémens de dissolution, de maladie et de mort. Contre ces étrangers, qui sont et restent toujours des étrangers hostiles et dangereux, l’organisme humain est merveilleusement armé.

Modèle naturel et prototype des sociétés humaines (famille, patrie), le corps humain a, pour se préserver des invasions étrangères, un corps de police merveilleusement organisé pour le temps de paix, c’est-à-dire de santé, et une armée, forte et disciplinée, pour le temps de guerre, c’est-à-dire de maladie.

L’étranger à combattre se présente sous deux formes : sous la forme d’énergie et sous la forme de matière (inorganisée ou vivante).

Contre l’énergie extérieure (lumière, son, chaleur), qu’il utilise largement, l’organisme est obligé de lutter pour en régler l’arrivée, pour l’emmagasiner, pour la dépenser au fur et à mesure des besoins, pour se défendre contre ses écarts brusques ou son intensité trop grande, pour modifier ses formes qui ne sont pas directement utilisables… Car c’est avec ces formes vulgaires de l’énergie qu’il fait les actes psychiques les plus élevés et les plus complexes.

Contre cette énergie étrangère et nuisible, l’organisme se défend surtout aux portes d’entrée.

C’est par le système nerveux que l’énergie pénètre dans notre économie sous forme de lumière, son, chaleur… et toutes vibrations perceptibles par nos nerfs. Si à une de ces portes sensorielles se présente tout d’un coup une trop grande quantité d’énergie, le corps humain se défend.

Ainsi, pour la lumière, si elle arrive trop intense et trop