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sang, quand de nouvelles circonstances tendraient à faire baisser la tension osmotique au-dessous du chiffre normal.

Et ainsi le chlorure de sodium a une grande importance dans la vie, quoiqu’il circule sans être chimiquement modifié. C’est, dit M. Achard, une sorte de monnaie qui sert aux échanges de l’organisme comme le même sel marin sert aux échanges des caravanes.


On voit comment toutes ces vies locales concourent à la vie totale de l’individu et combien cette conception et cette étude des vies locales ne diminuent pas et corroborent au contraire, en la précisant, la notion de la vie de l’homme entier, de l’individu. C’est toujours l’unum et plura des Pythagoriciens ou plutôt l’unum e pluribus.

« Comment oser appeler unité, dit M. Le Dantec, un ensemble aussi complexe qu’un homme formé de plus de soixante millions de cellules appartenant à des types aussi différens ? » C’est précisément là, en fait, une caractéristique de la vie : l’unité fonctionnelle, avec une extrême complexité organique.

La mort disjoint toutes ces parties, supprime l’unité ; et le cadavre n’est plus que la juxtaposition, sans individualité, des soixante millions de particules matérielles qui le composent.

Ce qui caractérise la vie, c’est donc précisément de faire l’unité dans la complexité, de constituer un individu avec des particules disparates.


Cette influence de la vie générale d’un individu sur ses vies locales est si importante qu’elle s’exerce même sur la vie locale d’élémens transplantés d’un individu à un autre.

Vulpian avait objecté à la conception vitaliste les faits de greffe animale : la queue d’un rat, insérée par Paul Bert sous la peau d’un autre rat, s’y greffe et y vit ; cette queue fait désormais partie de ce second individu, dont l’unité vitale s’assimile et dirige ces vies locales. Il en est de même des expériences dans lesquelles Ollier montre le périoste faisant de l’os quand il est inséré dans le tissu cellulaire sous-cutané.

Dans tous ces faits il n’y a rien de contradictoire à la doctrine de l’unité vitale de l’individu.

C’est la confirmation et la démonstration, tous les jours plus scientifiques, de ce passage de Claude Bernard : « En admettant