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dante est sécrétée et s’évapore, et ainsi la déperdition de la chaleur est fortement accrue.

On remarquera que cet effet de la chaleur et du froid sur l’être vivant (à sang chaud) est précisément l’inverse de celui que les mêmes agens physiques produiraient sur un corps brut. Le froid extérieur refroidit le corps brut et échauffe l’animal vivant en lui faisant produire plus de chaleur ; le chaud extérieur échauffe le corps brut et refroidit l’animal vivant en lui faisant perdre plus de chaleur.

Enfin je citerai encore, comme dernier exemple de ce fait, l’histoire curieuse du chlore et du sel marin dans l’économie et ce que l’on appelle l’équilibre osmotique du sang.

Dans des travaux très remarqués, M. Quinton a attiré l’attention sur la loi de constance osmotique originelle, analogue à la loi de constance thermique originelle.

Les animaux auraient commencé à vivre dans un milieu salin originel fixe, à 8 ou 9 de chlorure de sodium (sel marin) pour 1 000. À travers les temps géologiques entiers, les animaux qui ne vivent plus dans un milieu extérieur salé maintiennent pour leur milieu intérieur ce taux salin primitif de leur milieu extérieur originel, en vertu de cette loi de la vie : « En face des variations de tout ordre que peuvent subir au cours des âges les différens habitats, la vie animale, apparue à l’état de cellule dans des conditions physiques et chimiques déterminées, tend à maintenir, pour son haut fonctionnement cellulaire, à travers la série évolutive, ses conditions des origines. »

Quoi qu’il en soit de cette loi générale, qui reste une hypothèse explicative, un fait reste certain : le milieu intérieur de l’homme (sang et liquide interstitiel des tissus de nos organes) a un équilibre osmotique fixe, c’est-à-dire qu’il garde toujours la même force de diffusion et d’échange avec le milieu extérieur ; il y a une fonction régulatrice de cet équilibre osmotique et, comme le chlorure de sodium est l’agent principal de cette régulation, la teneur en sel marin reste constante et fixe, quel que soit l’apport de ce sel par l’alimentation.

Si une alimentation plus salée ou même une injection d’eau salée apporte au sang plus de sel qu’il n’en faut pour maintenir sa tension osmotique normale, les élémens des tissus, dans leurs processus de vie locale, prennent ce sel autour d’eux ou à leur intérieur, le gardent en réserve, puis le donnent de nouveau au