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ce que la richesse moléculaire soit la même des deux côtés de la membrane.

Dans l’intestin, les alimens digérés sont séparés ainsi du sang où ils doivent pénétrer par une membrane perméable ; les lois de l’osmose devraient s’appliquer. Il n’en est rien. L’absorption du bol alimentaire par la paroi intestinale est vraiment un acte vital des cellules épithéliales de cette paroi ; ces cellules s’emparent, par leurs prolongemens, semblables aux pseudopodes des êtres unicellulaires (amibes), des corpuscules graisseux, les prennent dans leur intérieur, les modifient et puis les rendent, de l’autre côté, dans la lymphe. Quand ces cellules sont détruites ou altérées par la maladie, l’absorption ne se fait plus et, en vertu des lois de l’osmose (alors appliquées), le courant s’établit en sens inverse, du sang vers l’intestin, où les liquides s’accumulent alors.

De même, « Chr. Bohr a étudié avec un soin extrême les échanges gazeux qui s’accomplissent entre l’air et le sang dans le poumon. Le mélange gazeux et le liquide sanguin sont en présence : une membrane mince, mais formée de cellules vivantes, les sépare. Cette membrane va-t-elle se comporter comme ferait une membrane inerte, dépourvue de vitalité, et suivant par conséquent les lois physiques de la diffusion des gaz ? — Non ; elle ne se comporte point ainsi : les mesures les plus soigneuses de pressions, de solubilités, ne laissent point de doutes à cet égard. Les élémens vivans de la membrane pulmonaire interviennent donc pour troubler le phénomène physique. Les choses se passent comme si les gaz échangés étaient soumis, non pas à une simple diffusion, fait physique ayant ses règles ; mais à une véritable sécrétion, phénomène physiologique ou vital, obéissant à des règles, fixées aussi, mais différentes des premières (Dastre). »

À l’autre extrémité du cycle de la matière dans l’organisme, la démonstration du facteur vital est aussi évidente pour la sécrétion urinaire dans le rein.

Si le rein est un filtre, c’est un filtre vivant. Il élimine certains produits, comme l’acide hippurique, qui ne sont pas préformés dans le sang ; il ne les laisse donc pas filtrer passivement, il les fabrique. Dans les matériaux du sang, il choisit, pour en débarrasser l’organisme, soit le sel (chlorure de sodium) soit l’urée ; il refuse au contraire d’éliminer d’autres produits