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LA DOCTRINE VITALISTE DE LA VIE


À chacune des grandes étapes de la marche en avant de la biologie et de la physicochimie, la discussion s’est rouverte, souvent âpre et aiguë, entre les vitalistes et les non-vitalistes : les vitalistes, qui séparent complètement les êtres vivans des corps bruts et distinguent nettement les phénomènes et les lois biologiques des phénomènes et des lois physicochimiques ; et les non-vitalistes, pour lesquels il n’y a qu’une science, la physicochimie, dont la biologie est un chapitre, la transition étant continue et insensible entre les corps bruts et les êtres vivans, dont l’étude doit être confondue dans un monisme général.

Les merveilleuses découvertes de ces diverses sciences dans les derniers cinquante ans, loin d’éteindre la querelle et de faire naître la solution définitive et universellement acceptée, ont rajeuni et renouvelé les argumens et donné un regain d’actualité à la question.

Les affirmations monistes restent aussi absolues.

M. Le Dantec considère « comme démontré, » « dans l’état actuel de la science, » « que toutes les manifestations de la vie élémentaire des corpuscules vivans sont des manifestations de leurs propriétés chimiques, que leurs mouvemens sont dus à des réactions chimiques ; » et il conclut que, « dans ce qui frappe nos sens au cours de l’observation des êtres vivans, rien n’est en dehors des lois naturelles établies pour les corps bruts (chimie et physique). »

Contre cette assertion des non-vitalistes, je crois qu’il est scientifiquement permis de maintenir la vieille conception vitalistes de la vie.