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côté, et l’intérêt général ayant prévalu, chaque souverain présente son protégé : l’empereur de Russie réclame pour le prince d’Orange, celui d’Autriche pour le jeune Napoléon, et le Cabinet d’Angleterre pour le Duc d’Orléans. La famille régnante voyant une si forte opposition contre elle, de la part des alliés, cherche vainement à affirmer son parti. »

A en croire l’informateur, cette lettre a causé chez le Duc d’Orléans l’émotion la plus vive. On a envoyé chercher sur-le-champ, à Londres, nombre d’exemplaires du journal. Le prince en a fait lui-même la lecture à plusieurs personnes de distinction, qui étaient avec lui. Les aides de camp, les domestiques ont tenu cette feuille et la lisaient à l’envi. « Au Château, à Twickenham, à Richmond, elle a été le sujet de toutes les conversations de la journée. Elle a fait également une grande sensation dans Londres, surtout parmi les étrangers. »

Dans un autre rapport, rédigé à la même date, se trouvent non plus des insinuations, mais une dénonciation formelle et précise. Dans une maison dépendant de sa demeure, le Duc d’Orléans a fait établir une imprimerie. Deux ouvriers compositeurs, anglais, ne parlant pas le français (« sans doute, pour que le secret soit mieux gardé ») y impriment deux ouvrages français, dont l’un a pour titre : Justification de Charles-Philippe d’Orléans père du Duc, et l’autre : Droits de la branche d’Orléans au trône de France[1].

« On établit dans le dernier que si, après la naissance de Louis Quatorze, le cardinal Mazarin n’eût pas fait décider par la Faculté de médecine de ce temps-là qu’un enfant peut rester treize à quatorze mois dans le sein de sa mère, sans contrarier les lois de la nature, Louis XIV eût été déclaré illégitime, comme il l’était par le fait ; que le trône de France eût été dévolu à la branche d’Orléans, enfin que les droits de cette maison sont les mêmes aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a cent cinquante ans. C’est Dumouriez qui est l’auteur de ces deux ouvrages qui sont dépendans l’un de l’autre. Le travail se fait dans le plus grand secret ; personne que les initias ne pénètre dans cette maison, et le valet de chambre est le seul des domestiques qui en soit instruit. C’est de la bouche même de ce premier valet de chambre que le jeune homme a appris, sous le secret, tous ces détails. »

  1. Toutes mes recherches pour retrouver ces ouvrages ont été infructueuses.