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dernière plusieurs exprès expédiés avec des lettres de part et d’autre. Le comte a annoncé dernièrement à la Chambre des Communes que quatre régimens de cavalerie anglaise quittaient la France pour se rembarquer sous le prétexte que le Roi ne payait pas exactement les sommes convenues pour leur entretien. Il a fait pressentir que, sous le même prétexte, le gouvernement pourrait retirer un plus grand nombre, même la totalité de ses troupes. D’un autre côté, je vous ai mandé que je tenais de bonne part que, dans le cas où il surviendrait des troubles sérieux en France, le gouvernement anglais n’était pas disposé à faire passer de nouvelles troupes sur le continent. La preuve en est qu’il retire déjà celles qui y sont. Ne serait-ce pas là l’effet d’un système arrangé pour diminuer les forces qui doivent protéger le Roi ? N’y aurait-il pas connexité ? Vous devez m’entendre. Je jette cette idée au hasard ; je laisse à votre sagesse à décider. »

On voit la tendance de l’agent à incriminer les intentions du Duc d’Orléans, les actes les plus simples de sa vie privée. S’il achète trois chevaux du plus grand prix, alors qu’il en a déjà vingt-deux dans ses écuries et quatre voitures magnifiques, le tout à destination de France, n’est-ce pas qu’il forme quelque grand projet ? Et puis, pourquoi tant d’exprès expédiés chaque jour et plusieurs fois par jour à Londres, à Kensington, à Windsor, chez de hauts personnages dont les réponses arrivent aussitôt ? Que signifie la joie extraordinaire qui règne dans cette maison jadis si triste ? « Le prince lui-même est d’une gaieté frappante ; il donne une nouvelle vie à tout ce qui l’entoure. » À cette joie, cependant, il y a une cause très naturelle que l’observateur oublie de donner. La Duchesse d’Orléans est heureusement accouchée d’une fille, et les parens sont follement ravis de cet événement qui leur vaut les félicitations de la ville et de la Cour.

Le 19 avril, c’est une autre antienne. Le Morning Chronicle publie une lettre de Paris dans laquelle on lit ce qui suit :

« Les alliés donnent en ce moment beaucoup d’inquiétude à la Cour, et d’espérance au peuple… Il est généralement reconnu que les souverains alliés, sentant l’impossibilité de maintenir sur le trône de France la famille régnante, sont d’accord pour l’en faire descendre ; ils ne diffèrent entre eux que sur la dynastie qui doit la remplacer. Le principe de la légitimité étant mis de