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ladies. Son salon est tapissé des portraits de l’ex-impériale famille et il en a trois qui sont, m’a-t-il dit, la propriété de Buonaparte.

« M. SANDRE. C’est un vrai séide de Napoléon. Je ne sais s’il est officier ; mais il porte des moustaches ; il vient de Dresde et de Berlin. Il est beaucoup avec le sieur Colon, et dit appartenir à la grande société des Illuminés d’Allemagne, et à la société des Amis de la vertu de Berlin ; il fait un mystère de son logement.

« M. FEVRIER, agent secret de la faction. Il arrive de Paris avec un passeport en règle ; il a été dépisté à cause de ses relations les plus intimes avec M. de Flahaut.

« M. BENJAMIN CONSTANT. Il n’appartient pas, au moins je le crois, à la faction dont je viens de signaler plusieurs membres ; mais il n’est pas douteux qu’il ne soit le point de mire d’une autre légion de mécontens. M. Constant paraît avoir le désir de rentrer en France. Si c’est de bonne foi, il a dû communiquer confidentiellement, et à qui de droit, la correspondance qu’il a reçue de Stockholm depuis dix à douze jours. S’il ne l’a pas fait, il doit juger lui-même que sa présence est au moins inutile en France. Il vacille dans sa conduite ; il travaille à un ouvrage important et paraît tenir à des intrigues d’un autre genre. Mes observations sur ce chapitre ne sont pas assez mûres pour pouvoir hasarder une conclusion.

« M. Constant s’est fait présenter chez l’ambassadeur de Danemark. C’est un mauvais brevet de recommandation ; je vous ai déjà dit que ce cercle, auquel l’ambassadeur n’a aucune part, réunit tous les Français d’un certain rang qui sont en opposition avec le gouvernement français, pour ne rien dire de plus. La femme était jadis une actrice que l’ambassadeur a épousée ; elle ne jouit à Londres d’aucune considération.

« M. CARRERE, qui a été employé dans les droits réunis de Hollande, a un frère à Paris, qui est marchand de nouveautés ; il est d’Oléron, en Béarn, et a quitté Londres depuis quelque temps pour retourner à Paris. Cet individu était sans contredit l’un des plus fougueux bonapartistes qui fût à Londres ; il écrit à ses collègues :

« M. DE FLAHAUT est au premier degré des fashionables ; c’est lui qui tient le haut bout et qui dirige les autres. L’Allien bill ne l’atteindrait pas sans inconvénient, ses