pourquoi elle maintient le personnage dans son emploi, bien qu’en juin 1817, il se fasse emprisonner pour dettes et qu’elle soit fixée sur sa vénalité.
Elle en emploie de la même espèce partout où sa surveillance doit s’exercer, à Paris, en Hollande, en Belgique et tous, les plus ignorans, les plus illettrés, aussi bien que les plus intelligens, ceux mêmes qui, par leurs relations, leurs amitiés, la nature de leurs services, méritent d’occuper dans cette étrange galerie une place à part, tous ou presque tous ont un passé véreux.
Ceci constaté, il est à peine nécessaire de mettre le lecteur en garde contre leurs dénonciations. On peut toujours craindre, en effet, que le mensonge n’y tienne plus de place que la vérité, et c’est surtout ici qu’il faut se rappeler que « parole de policier n’est pas parole d’évangile. » Comme ces dénonciations sont rarement signées, il est impossible de subordonner la confiance qu’il y a lieu de leur accorder à ce qu’on peut savoir du caractère de leurs auteurs, ni de les attribuer à celui-ci ou à celui-là. La sagesse commande donc, de n’accepter les unes et les autres que sous bénéfice de vérification et de contrôle, de ne les prendre que pour ce qu’elles sont, à savoir un écho des passions et des conflits qui troublèrent si profondément la France pendant et après les Cent-Jours. Ce sont des fiches. Ces réserves faites, nous sommes plus à l’aise pour ouvrir tant de suggestifs dossiers, pour parcourir les pièces qu’ils renferment et arrêter au passage celles qui semblent dignes d’intérêt.
On a vu qu’en 1816, le parti bonapartiste, vaincu, mais non encore résigné à sa défaite, avait à Londres quelques-uns de ses représentans le plus en vue. Une liste sur laquelle chacun des noms qui s’y trouvent est l’objet de commentaires révélateurs, établit, en les précisant, la situation et l’opinion de ces personnages. La voici.
« M. DE BOSSI, ancien préfet de Bourges et de Saint-Lô, homme fin, mais peu actif. Vu son état maladif, il est peu répandu, joue le royaliste constitutionnel, mais n’en reçoit pas moins chez lui les plus fougueux bonapartistes ; il est du reste modéré dans ses discours. Il loge Wardown Street.
« M. DE BRIQUEVILLE, gentilhomme normand, ex-colonel dans les Cent-Jours ; il était en visite auprès de Lavalette une heure, dit-il, avant son évasion ; exalté bonapartiste, incurable,