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doit être soigné, car il aura affaire à un homme très adroit et très réservé qui est Eugène et à un homme très fin, et très au fait de tous ces moyens, qui est Lavalette. Mais ce n’est qu’un motif de plus pour s’en occuper avec beaucoup de précaution. Le résultat est assez important pour ne rien négliger de ce qui peut y conduire.

« Vous voudrez bien, mon cher Richelieu, aussitôt que vous aurez tiré de ce que je vous envoie ce qui vous est nécessaire, remettre les originaux au général Vincent. J’ai répondu à Metternich de votre exactitude. »

Le 19 janvier 1818, lorsque le comte de Las Cases revient de Sainte-Hélène, son retour donne lieu à une lettre nouvelle de Caraman :

« Je vous ai écrit hier par la poste, mon cher Richelieu, mais j’espère que j’aurai encore le temps de vous écrire par le courrier autrichien qui part ce matin. Ce qu’il porte à M. de Vincent et dont vous aurez communication, mérite une attention toute particulière.

« Vous verrez par les confidences que l’agent de police autrichien a trouvé moyen de recueillir en conduisant et faisant jaser Pontowsky, que le départ de M. de Las Cases a été un jeu joué et concerté avec Bonaparte qui voulait avoir un homme de confiance sur le continent, et on a fait saisir un maladroit d’émissaire cousu de fausses lettres, de chiffres et de tout ce qui pouvait donner l’air de tentatives de relations coupables, afin de faire renvoyer de l’île le prétendu moteur de toutes ces trames ; et effectivement, on y est parvenu, puisque Las Cases est aujourd’hui à Francfort. Il n’y a donc aucun doute qu’il est l’agent intime de Bonaparte, qu’il est venu pour y rattacher tous les fils de cette infernale machine, que, sûrement, il a déjà établi des rapports avec tous ses amis et agens et, en un mot, que c’est l’homme le plus dangereux et le plus important à neutraliser autant que possible. On l’a laissé trop longtemps séjourner dans le lieu le plus central et le plus commode pour établir ses correspondances et monter ses machines.

« Il n’y a pas de doute qu’il est d’une très haute importance de l’en tirer au plus tôt et de le placer de manière qu’il ne puisse pas nuire, et je crois bien sincèrement que l’Autriche présente toutes les garanties que l’on peut désirer. On lui a envoyé les passeports pour s’y rendre et on lui a donné l’assurance qu’il