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LA POLICE POLITIQUE
SOUS LA RESTAURATION[1]

I
L’ORGANISATION GÉNÉRALE — LA POLICE ET LE DUC D’ORLÉANS

Sous le premier Empire, la police politique, organisée ou pour mieux dire réorganisée par Fouché a été un très actif instrument de gouvernement. Son histoire mystérieuse, maintes fois tragique, se déroule jusqu’à la fin du règne de Napoléon, en marge de l’histoire officielle. Elle en forme en quelque sorte l’envers et telle est la connexion entre les deux que, pour quiconque ne connaît pas les dessous de l’une, les péripéties de l’autre sont souvent incompréhensibles et demeurent inexpliquées[2].

Le rôle de cette police, sous la Restauration, fut tout autre. On ne relève à son compte ni des arrestations ténébreuses, ni des détentions arbitraires, ni des exécutions à peine précédées de simulacres de jugement. Elle ne pèse pas sur les décisions gouvernementales. Les épisodes sanglans qui assombrirent les débuts du règne de Louis XVIII, et qui constituent ce qu’on a appelé la Terreur blanche, se sont déroulés au grand jour. Les

  1. D’après des documens inédits. — Copyright by Ernest Daudet.
  2. Voyez notre ouvrage la Police et les Chouans, Plon.