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très bas. On a vu que, dans la période gladstonienne, il n’était guère que de 5 à 6 pence par livre sterling, soit de 2 à 2 1/2 pour 100. On l’élevait notablement, mais passagèrement, dans les périodes de grands besoins nationaux. C’est ainsi que, pendant la guerre de l’Afrique du Sud (1899-1902), sous le dernier ministère unioniste, le taux en fut élevé successivement à 1 shilling, 1 shilling 2 pence et 1 shilling 3 pence par livre sterling, soit respectivement 5,6 et 6 1/4 pour 100. Mais ce taux, d’ailleurs uniforme pour tous les revenus, sauf les modérations indiquées ci-dessus, pouvait être considéré comme n’étant pas encore exorbitant, surtout en semblables circonstances, étant donné qu’il n’y a pas en Angleterre d’impôt sur le revenu des valeurs mobilières, que l’impôt foncier d’État n’y existe quasi pas et que notre contribution mobilière y est inconnue. Aux taux ci-dessus, l’Income tax britannique était arrivé à produire 865 millions de francs en 1902-1903.

Le ministère radical actuel a apporté à l’impôt britannique sur le revenu une première modification qui parut équitable. On avait souvent demandé qu’il fût fait dans cet impôt une distinction entre les revenus personnels, provenant de l’activité du contribuable, revenus essentiellement précaires, et les revenus de capitaux qui offrent plus de permanence. Cette distinction était équitable. Le ministère britannique réduisit, dans le budget de 1907-1908, la taxe sur les revenus dits gagnés (earned) à 9 pence par livre sterling (3,70 pour 100), tandis que les autres revenus dits revenus non gagnés (unearned) étaient taxés à 1 shilling ou 5 pour 100 : cette remise ne fut accordée, toutefois, que pour les revenus gagnés de moins de 50 000 francs. Cette limitation n’avait aucune raison d’être. La distinction entre les revenus provenant de l’activité personnelle ou les revenus temporaires d’une part et les revenus provenant de capitaux, d’autre part, était, au contraire, très légitime. Mais on ne peut assez blâmer les termes par lesquels la langue fiscale britannique désigne ces deux catégories de revenus ; elle appelle revenus gagnés ceux qui proviennent de l’activité personnelle et revenus non gagnés (unearned) ceux qui proviennent de capitaux ; or, dans la plupart des cas, ceux-ci sont tout aussi bien gagnés que les premiers : un homme qui a peiné toute sa vie pour se faire un capital et en toucher les revenus a tout aussi bien gagné ceux-ci qu’un homme qui n’épargne pas a gagné ceux que lui rapporte