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le milieu du XIXe siècle, la taxe sur le sel avait été réduite de 30 centimes à 10 centimes le kilogramme et elle ne représente plus que 0 fr. 75 par tête. La taxe sur les transports de voyageurs en chemins de fer a été réduite d’environ moitié, avec une combinaison qui abaissa d’une manière particulière les prix des places en troisième classe. Enfin, c’est bien un dégrèvement populaire aussi que l’abaissement de la taxe postale à 0 fr. 10, ce qui fait que les postes, comme nous l’avons démontré bien des fois, si l’on se livre à une analyse exacte, ne rapportent plus rien à l’État et que ce service est fait par lui à prix coûtant.

Il s’est ainsi accompli, depuis le milieu du siècle dernier, et plus particulièrement depuis 1880, un effort soutenu pour réduire de plus en plus les impôts de consommation dans l’intérêt de la catégorie la plus nombreuse des contribuables.

Le régime financier actuel en France ne conserve que deux impôts indirects très productifs, et ils frappent des denrées, dont l’une est manifestement nuisible à l’individu et à la société, et dont l’autre soulève des contestations au point de vue de l’hygiène et n’a en tout cas aucun caractère de nécessité. Ce sont les droits sur l’alcool et sur le tabac, qui produisent au Trésor, l’un 340 millions environ et l’autre 400 millions nets, défalcation faite des frais de fabrication. L’on ne saurait critiquer ni l’une ni l’autre de ces taxes, qui sont justifiées par le caractère de superfluité et même, pour l’une tout au moins, de nocuité de la denrée taxée et qui devraient être maintenues, alors même que les besoins du Trésor ne seraient pas si pressans.

Le Français, qui ne boit pas d’alcool et ne fume pas, n’apporte qu’un tribut des plus légers aux contributions indirectes. On peut, sans doute, invoquer les droits de douane, à l’importation, dont le produit oscille autour de 450 millions de francs. Mais, d’une part, ces droits ne sont pas établis uniquement dans un dessein fiscal ; ils le sont aussi, et parfois surtout, en vertu d’un système économique que nous n’avons pas à examiner ici et qui prétend protéger le travail et par conséquent les travailleurs du pays ; et, d’autre part, depuis que la France, aidée surtout de ses deux colonies méditerranéennes, l’Algérie et la Tunisie, produit largement son approvisionnement de blé, les droits de douane ne frappent ou, du moins, n’atteignent aucun objet de stricte nécessité, et le blé, actuellement, ne subit, de leur chef, aucun renchérissement La situation de la population