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également sa conclusion de telle manière que, dans sa première édition, nous pourrons, devenant plus forts, « espérer fermement recouvrer les chères provinces que nous avons perdues, » au lieu qu’il nous suffira, dans la seconde, de contribuer, « comme l’ont l’ait nos pères à la gloire et à la prospérité de notre pays, en même temps qu’au bonheur de l’humanité. » Et toutes ces variantes ou variations feraient sourire, si d’ailleurs les suites n’en étaient pas graves et si l’on n’y voyait à plein la passion ou l’inconsistance-politique connivant aux habiletés commerciales. »

Nous n’avons pas l’habitude des longues citations, mais on nous pardonnera celle qui précède. Les premiers et les derniers traits relevés par le journal le Temps sont dirigés contre le sentiment patriotique ; d’autres, entre les deux, contre l’idée religieuse. Eh bien ! la cause est entendue. Les évêques ont raison, au moins contre quelques-uns des livres qu’ils ont dénoncés, et aucune diversion n’obscurcira cette vérité. On cherchera peut-être dans les livres scolaires catholiques, et on y trouvera des propositions qu’une saine critique ne saurait approuver ; nous assisterons à un grand combat entre M. Homais et le Père Loriquet ; mais, en somme, les instituteurs catholiques sont libres de choisir leurs livres comme ils veulent, et ils ne se vantent pas de faire œuvre de neutralité ; l’Université a d’autres devoirs, et il semble bien qu’elle ne les a pas toujours remplis. Comment a-t-elle laissé se produire le désordre que les évêques ont dénoncé ? Il y a, sur les livres employés dans nos écoles primaires, des organes de surveillance qui s’échelonnent depuis le canton et le département jusqu’à l’Académie. Les journaux ont énuméré soigneusement ces conseils, mais ils ont ajouté qu’aucun ne fonctionne et que, en fait, chaque instituteur choisit les livres qui lui conviennent : les conseils superposés approuvent sans y regarder de plus près. Quand la surveillance n’est pas où elle doit être, il est naturel et inévitable qu’elle se produise ailleurs, chez le voisin, chez le concurrent : c’est une loi aussi sûre que celles de la physique, et l’indignation des radicaux et des socialistes n’y changera rien. On parle de reprendre et de faire voter des projets de loi, d’ailleurs fort mal faits, que le gouvernement a déposés autrefois pour garantir les instituteurs contre les plaintes des pères de famille. Nous en parlerons quand il en sera temps, bientôt sans doute ; mais dès aujourd’hui nous pouvons dire que rien n’y fera et que, sous une forme ou sous une autre, toutes les fautes se paieront : aucune n’échappera à la publicité.

La note comique ne manque pas à cette affaire. Les instituteurs ont