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AU
COUCHANT DE LA MONARCHIE[1]

VI.[2]
LA DISGRACE DE TURGOT


I

L’équilibre du ministère reposait tout entier sur l’entente politique entre Turgot et le comité de Maurepas. Que cette union fût définitivement détruite, la combinaison s’écroulait, tout était remis en question. C’était donc sur ce point vital que devait se porter l’effort des adversaires du Cabinet, et c’est ce que saisirent fort bien les petits Machiavel de la société de la Reine. Nous retrouvons encore ici l’initiative du baron de Besenval. Dans une conversation qu’il eut avec Mme de Polignac, tous deux tombèrent d’accord que « l’on ne pouvait se flatter d’ébranler le crédit de M. de Maurepas, » que, « ne pouvant rien contre lui, » il était à souhaiter qu’on le rapprochât de la Reine, afin de l’avoir dans son jeu[3]. Cette résolution prise, on se partagea la besogne ; Mme de Polignac se chargea de la Reine, Besenval de Maurepas. Chacun d’eux s’acquitta heureusement de son rôle. Les argumens dont se servit Besenval pour décider Maurepas

  1. Copyright by Calmann-Lévy, 1909.
  2. Voyez la Revue des 1er et 15 février, 15 septembre, 1er et 15 octobre 1909.
  3. Mémoires de Besenval, tome II.