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LA
VIEILLE FRANCE MONASTIQUE,
SES DERNIERS JOURS, SON ÉTAT D’ÂME
D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS

I
LES RELIGIEUX


I

L’ancien régime légua à la Révolution l’institut monastique debout avec ses différens ordres, ses cadres et ses richesses. Depuis des siècles, il s’était greffé sur l’arbre de l’Eglise en ramifications innombrables ; et, comme en elle tout prend le caractère de la pérennité, la plupart des fondations, quels que fussent les ravages des temps, avaient encore, en 1789, des représentans et des continuateurs. Elles étaient sorties à travers les âges des besoins particuliers de chaque époque, de l’inspiration hardie de saints et tenaces novateurs. Ces corps de volontaires créés par les circonstances avaient apporté une ardeur extraordinaire à remplir la mission, à livrer les combats qui les avaient fait naître, jusqu’au jour où, les conditions étant changées avec l’évolution de l’histoire, où, atteints eux-mêmes de relâchement, ils étaient devenus par leur inutilité et une opulence que ne justifiaient plus leurs services, une faiblesse pour la cause religieuse, après avoir été une force.