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point de vue des intérêts français, et un profit plus grand encore au point de vue des intérêts genevois. Les Genevois paraissent l’avoir compris. Le premier moment qui a suivi la Conférence a été une heure de déception : des amis trop zélés leur avaient donné trop d’espoir ! Lorsqu’ils ont vu que la Convention consacrait plus de la moitié de son texte à fixer les conditions lointaines d’un projet qui n’était pas concédé, ils se sont demandé s’ils n’avaient pas été joués par les plénipotentiaires ; mais ils se sont ravisés. Que la France ait pu exécuter la Faucille sans s’être assurée que la Confédération helvétique jetterait à Genève le pont sur le Rhône, était une telle absurdité qu’on serait mal venu à laisser supposer à ses meilleurs amis qu’on les en aurait crus capables ; les clauses de la Convention constituent donc l’acte de naissance qui marque l’avènement de la Faucille comme projet sérieux et raisonnable. Sur les conseils éclairés d’hommes tels que le Consul général de France à Genève, M. Jullemier, ou de M. Léon Janet, le président récemment décédé de la Commission des travaux publics, les membres si actifs de la Chambre française de commerce, unis aux promoteurs genevois de la Faucille, ont recommencé leur brillante campagne. Ils sentent qu’ils peuvent travailler en pleine lumière : en s’appuyant sur un acte international, ils peuvent maintenant donner à la Faucille sa vraie portée ; ils n’ont plus à redouter qu’en France on ne la considère comme trop exclusivement « simploniste,  » ni que les autorités supérieures de la Suisse ne la rejettent comme trop « hétérodoxe.  » C’est de toute évidence une ligne franco-genevoise ; pourquoi ne pas le déclarer très haut maintenant ?

L’histoire humaine se recommence. Que les Genevois se remémorent les vicissitudes du Gothard : nous l’avons dit, le jour où l’Italie et la Confédération de l’Allemagne du Nord ont promis leurs subventions à fonds perdus, la cause « gothardiste » a été gagnée. De même, le jour où l’Association pour le percement de la Faucille ou le Syndicat franco-suisse qui en est naguère issu apportera à la nouvelle voie projetée quarante ou cinquante millions à fonds perdus, il ne se trouvera que bien peu de récalcitrans pour discuter si la Faucille doit oui ou non aboutir à Genève et traverser son territoire. Que nos amis de Genève laissent crier ceux qui ne savent que parler ; qu’ils agissent