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XVIe siècle. Il est vrai qu’après les mesures répressives prises par le gouvernement impérial en 1805, la « Congrégation, » officiellement dissoute, mais secrètement reconstituée, fut quelque chose d’autre et de plus ample qu’elle n’avait été précédemment. En 1810 ou 1812, l’abbé Legris-Duval lui adjoignit une « Société de bannes œuvres, » qui se recrutait du reste parmi les membres de la « Congrégation » antérieure, et dont il est impossible de ne pas remarquer l’analogie avec la Compagnie du Saint-Sacrement. Ainsi étendue, la Congrégation, qui se réunissait dans les bâtimens de ce séminaire des Missions étrangères, — créé par le zèle et les deniers des messieurs du Saint-Sacrement, — avait, elle aussi, repris l’ « esprit universel » de ses devanciers : c’est le mot dont se sert son dernier historien. Ainsi qu’eux, elle avait la généreuse ambition de toucher atout, dans cette France bouleversée par la Révolution, où, au regard des catholiques de 1815, tant de choses étaient à réédifier et tant d’autres à détruire. Alors, sans doute, il semble que, pareille aux compagnons de Renty et de Du Plessis-Montbard, elle évita systématiquement la lumière, et à tel point que, s’il en faut croire certains témoignages, elle eut, en outre de sa partie visible, « une élite occulte, archi-secrète, » dont l’existence était un mystère, dont les noms des membres étaient un mystère plus grand encore. » Quoi qu’il en soit de ces raffinemens d’obscurité, il n’y a pas lieu, toutefois, de supposer que la « Congrégation » en puisa le goût dans les traditions du Saint-Sacrement. Elle le trouvait surabondamment dans l’air ambiant. Les Francs-Maçons, les Bonapartistes, les Libéraux ne lui cédaient en rien à cet égard, et l’on sait que jamais histoire n’a eu plus de tréfonds mystérieux, tragiques ou mélodramatiques, que celle des dernières années de l’Empire et de la Restauration. De plus, la « Congrégation » n’avait pas coutume, ce semble, de se cacher ou de se laisser ignorer des évêques. Rien donc, en somme, n’autorise à présumer solidement un lien entre la Compagnie du Saint-Sacrement et la « Congrégation, » soit sous la forme semi-politique que Montlosier dénonça avec tant de véhémence, soit, encore moins, sous la forme première, et purement spirituelle, du P. Delpuits.

Où l’on pourrait être mieux fondé à chercher une filiation des entreprises catholiques du XIXe siècle avec la Compagnie de M. de Ventadour, c’est dans ces Compagnies du Divin Cœur de Jésus, pour les hommes, et du Sacré Cœur de Marie, pour les femmes, dont le