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à l’exécution de ces sentences. Elle travaille à empêcher « le fils d’un maître écrivain qui fait profession de la Religion Prétendue Réformée, de parvenir à son tour audit art. » Le 20 avril 1670, ayant obtenu un décret du bailli de Saint-Germain, « pour juremens et reniemens, » contre un vendeur de limonade de la rue du Petit-Lion, « elle s’ingère » de mettre « elle-même ledit décret es mains d’un huissier pour l’exécuter, » elle fournit les frais à cet effet, et comme le coupable a quitté la paroisse, elle obtient un « ordre de M. le lieutenant criminel pour exécuter le décret dans tout Paris. » Au même magistrat elle signale « deux matrones » dont l’une vit séparée de son mari, et l’autre est la maîtresse d’un homme de la R. P. R…

Le Conseil Charitable de la paroisse Saint-Sulpice, créé ou recréé en 1666, avait, dès 1668, repris tout l’héritage, toute la besogne dénonciatrice et répressive de la Compagnie du Saint-Sacrement. Il abordait une foule d’œuvres qui n’avaient avec la mission de « justice de paix » bénévole qu’il s’était à l’origine assignée, qu’un très lointain rapport. Et à la fin de 1670, il était assez satisfait du succès parisien de cette restauration de l’œuvre de Ventadour et de Renty pour reprendre son mouvement d’expansion en province. Les prélats de l’Assemblée du Clergé, alors réunie, sont saisis par lui, sous-main, d’une proposition à l’effet « d’établir, chacun dans son diocèse ou autres en dépendans, une Compagnie de personnes capables pour les accommodemens des particuliers. » Le dimanche 21 décembre, la Compagnie apprenait avec consolation que messieurs du Clergé s’ouvraient à cette idée, et que, d’ailleurs, « messieurs les missionnaires, » rendant, on le voit, à la Compagnie ce qu’ils en avaient autrefois reçu, « faisaient de semblables fondations aux endroits de leurs missions. » Faut-il croire que le Saint-Sacrement ressuscité à Paris de 1666 à 1673[1], sous une étiquette changée, ne se cachait plus à présent des évêques ni des curés ? Il n’en faudrait pas jurer, car les procès-verbaux du Conseil charitable de Saint-Sulpice nous montrent qu’à ceux qui demandaient communication des règlemens la réponse donnée fut empreinte de la même circonspection, dont jadis la Compagnie du Saint-Sacrement se faisait une loi. Or fallait-il une si « grande

  1. Le dernier procès-verbal donné par le document que j’utilise est du 4 avril 1673.