Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Père Vincent, Liancourt et Montaigu, tous trois membres de la « Compagnie ».

C’est Mazarin qui profite de la chute des importans. Mais le parti des « Maints, » — qui voit que le nouveau cardinal sera aussi peu ecclésiastique que son prédécesseur, moins encore, — travaille tout de suite contre lui. Dans ce « parti des Saints, » d’après les notes que Mazarin lui-même consigne au jour le jour sur ses « carnets, » qui inscrit-il au premier rang ? « Il padre Vincent. » Et si le Cardinal parvient de bonne heure à lui arracher la distribution des « bénéfices, » il ne peut lui enlever le mystique respect de la Reine, qui continuera, jusqu’en 1648 au moins, d’avoir avec lui « de longues conversations. » Un autre « saint » a aussi l’oreille de la Reine : c’est le P. Lambert. Or, le P. Lambert n’est pas seulement, comme M. Vincent, de la congrégation de la Mission, mais il est, comme lui, de la Compagnie du Saint-Sacrement.

Vincent et Lambert ont des collaboratrices ; qui sont-elles ? La marquise de Maignelay, amie de la duchesse d’Aiguillon, et, comme elle, grande bienfaitrice de la Compagnie ; Mme de Loménie de Brienne, d’une famille où la Compagnie est connue ; Mme de Liancourt, femme d’un membre de la Compagnie. — Ils ont des alliés ; lesquels ? D’anciens fauteurs du duc de Beau fort : l’évêque de Beauvais, Potier, l’évêque de Lisieux, Cospeau, l’évêque de Limoges, François de La Fayette. Et ceux-là aussi sont des « confrères » de MM. de Renty, de Garibal et Du Plessis-Montbard.

Arrive la Fronde. Pendant cette tumultueuse anarchie, la conduite de la Compagnie, nous assure-t-on, fut irréprochable. Un autre confrère, — devenu plus tard janséniste, celui-là, — Du Ferrier, confirme qu’ « on lui doit attribuer la soumission de la ville de Paris. » Vers 1650, raconte d’Argenson, « un homme de qualité, qui était de la Compagnie, se jeta bien avant dans le parti de la Fronde. Aussitôt que l’Assemblée en fut avertie, elle députa deux de ses amis pour le prier de n’y plus revenir qu’il n’eût quitté ce mauvais parti, et, depuis ce temps, dit-il, je ne l’ai vu nommé, ni dans les registres, ni dans le rôle de ceux qui la fréquentaient. »

N’y contredisons pas, mais observons que si la Compagnie appliqua ce principe, elle dut avoir à décimer ses rangs. Car, parmi les noms que nous relevons à la fois sur les listes du