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car il est beaucoup plus facile de l’obtenir que de réaliser la vitesse propre.

Ainsi, il n’y a pour un navire aérien, que deux qualités d’où dérivent toutes les autres : la vitesse propre et la capacité de transport ; au point de vue utilitaire, cette qualité est beaucoup moins intéressante que la première.

Si l’on se place au point de vue des difficultés à vaincre, dans le cas d’un aéroplane, la question ne se pose même pas, car pour ces appareils les qualités à rechercher sont tellement solidaires les unes des autres, que tout perfectionnement apporté permet d’augmenter à son choix l’une ou l’autre des propriétés du navire aérien. Pour les dirigeables, il n’en est pas de même ; la capacité de transport est beaucoup plus facile à obtenir que la vitesse propre, et les considérations techniques viennent, quand il s’agit du plus léger que l’air, corroborer celles qui sont fondées sur l’utilisation du navire aérien.

Parce qu’un dirigeable colossal aura exécuté de longs voyages, et parcouru de grandes distances, il ne faut donc pas proclamer la supériorité de ce type de navire aérien sur tous les autres. Celui qui doit le plus nous intéresser est celui qui disposera de la plus grande vitesse propre ; et comme cette vitesse est difficile à mesurer, nous l’apprécierons d’après la vitesse absolue parcourue en circuit fermé, de manière à éliminer autant que possible, dans le résultat final, l’influence du vent.

Je crois que, sous ce rapport, nos navires aériens n’ont rien à envier à ceux de l’étranger ; je crois même qu’ils leur sont franchement supérieurs. Nous pouvons donc continuer à être fiers de nos aéronefs ; ils possèdent, à un plus haut degré que d’autres, la première de toutes les qualités, la vitesse propre ; ils l’augmentent de jour en jour ; et quand nos ingénieurs le voudront, ils posséderont en outre la capacité de transport dont nos rivaux paraissent si fiers. Et la France ne risque pas, comme on l’a annoncé parfois avec fracas, de perdre l’empire de l’air[1].


Commandant Paul Renard.
  1. Ces lignes étaient écrites avant la catastrophe du dirigeable « République. » Ce tragique événement ne change rien aux conclusions de cet article.