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de vue pratique, les qualités que l’on peut demander à un navire aérien, et choisir parmi ces qualités celles qui présentent le plus d’intérêt et qui, par conséquent, doivent de préférence servir de critérium aux jugemens que l’on porte sur ces véhicules d’un nouveau genre.

Suivant le point de vue auquel on se place, on peut attendre d’un navire aérien des performances, — si l’on me permet d’employer cette expression sportive, — d’ordres très différens.

On peut, par exemple, chercher à s’élever le plus haut possible dans l’atmosphère ; la capacité d’ascension en hauteur est évidemment une qualité à considérer ici. Mais ce n’est pas tout que de s’élever dans l’air, il faut encore s’y maintenir ; la durée pendant laquelle l’aéronef restera suspendu dans l’atmosphère sans prendre contact avec le sol, est donc aussi un des élémens intéressans de la question.

D’autre part, un engin de locomotion est un agent de transport ; la distance qui sépare le point de départ du point d’arrivée est donc une des caractéristiques essentielles du voyage, et l’on peut être tenté de déclarer que le meilleur navire aérien est celui qui pourra parcourir la plus longue distance d’un seul bond, avant de reprendre le contact du sol.

Ce n’est pas tout enfin que de parcourir une distance donnée, il faut encore mettre le moins de temps possible à le faire ; en d’autres termes, avoir de la vitesse est une qualité de plus en plus appréciée à l’heure actuelle. Dans tous les genres de locomotion, qu’il s’agisse de bicyclettes, d’automobiles, de trains de chemins de fer, de bateaux à vapeur ou de canots à pétrole, il semble que le but principal soit de gagner de la vitesse, toujours de la vitesse, et encore de la vitesse. Cette recherche de l’accélération des moyens de transport est une des caractéristiques de notre époque ; il ne faut pas s’en étonner, si l’espace est ouvert devant nous, le temps nous est parcimonieusement mesuré, et depuis que nous disposons de moyens mécaniques puissans, il semble que le meilleur usage que nous puissions en faire est de l’économiser au mieux, c’est-à-dire de parcourir le plus d’espace possible dans le moins de temps possible, en d’autres termes de réaliser de toutes les manières possibles des vitesses de plus en plus considérables.

La navigation aérienne n’échappera pas à cette loi générale de la locomotion : on doit donc considérer que la vitesse est un