Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fantaisies des meneurs des inscrits dont on a pu apprécier les dispositions bienveillantes ainsi que l’esprit nettement révolutionnaire et tristement inventif.

A dire vrai, nous sommes de plus en plus sceptique sur l’énergie dont peut faire preuve le gouvernement en présence du mauvais vent qui souffle de toutes parts et mon passage au Palais-Bourbon m’a prouvé qu’il est bien difficile, en politique, de faire machine en arrière. Si le gouvernement, moins optimiste que M. Chéron, et frappé enfin de la gravité de la crise imposée à la Marine, se décide à prendre les moyens nécessaires pour l’enrayer, les députés ne manqueront pas de se mettre en campagne, M. Camille Pelletan en tête, et feront entendre les plus amères protestations. L’approche des élections ne fera qu’exciter leur zèle. Il n’existe à nos yeux qu’un moyen de sortir de l’impasse dans laquelle nous a acculés la détestable politique suivie jusqu’à nos jours, c’est l’abrogation pure et simple de la loi sur l’Inscription maritime et la liquidation de la Caisse des Invalides. De cette réforme urgente dépendent l’avenir de notre industrie et de sérieuses économies pour le budget de l’État.

L’armement pourrait alors composer ses équipages comme il l’entendrait et passer avec eux des contrats de travail. Il serait placé, en somme, pour le recrutement de sa main-d’œuvre, dans la même situation que les autres industriels et non plus en face d’une classe de privilégiés en perpétuelle ébullition, usant avec âpreté de tous leurs droits, les excédant même et méconnaissant tous leurs devoirs. Nous vivrions sous le même régime que toutes les grandes nations maritimes, car, sauf en Italie dont la législation se rapproche de la nôtre, l’Inscription maritime n’existe nulle part.

Dans un prochain article nous indiquerons comment il conviendrait de procéder, à notre sens, pour la liquidation de la Caisse des Invalides et le recrutement de notre armée de mer.


J. CHARLES-ROUX.