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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La plupart de nos ministres avaient prononcé des discours, et généralement de bons discours, pendant les vacances : seul, M. le Président du Conseil s’était tu. Mais à la veille de la rentrée des Chambres, — elle aura lieu le 19 octobre, — il a rompu le silence qu’il avait gardé jusque-là, et il est allé faire un discours à Périgueux. Il en a même fait deux : le premier, en réponse au recteur, était adressé au corps enseignant, et le second, en réponse au maire, à la France entière. Après avoir affirmé que sa politique ne différerait en rien de celle de son prédécesseur, M. Briand a ajouté aussitôt que ce serait une politique de détente et de conciliation, conciliation ou réconciliation qui devait s’étendre à tous les Français. Les vieilles luttes pour la défense de la République sont finies ; la République a définitivement vaincu ; désormais sûre de vivre, non seulement dans son principe, mais avec ses conséquences, elle doit s’appliquer à devenir « si agréable à habiter, et s’élever si haut au-dessus des partis que ce soit la France qui rayonne en elle. » C’est là un beau rêve, et nous ne disons pas qu’il ne puisse pas devenir un jour une réalité, mais il a été déjà fait par d’autres que M. Briand, il a amené sur d’autres lèvres des paroles presques identiques aux siennes, et il a fait naître dans nos cœurs des espérances qui, hélas ! se sont ensuite cruellement dissipées. Le détestable esprit de parti a été le plus fort.

M. Briand aura-t-il un sort plus heureux ? « Il arrive un moment, a-t-il dit, où il est nécessaire de faire entendre des paroles de fraternité, et ma joie est profonde de penser que je pourrais être l’homme de cette mission. » Cette joie sera partagée par tous les bons citoyens, si M. Briand accomplit en effet la noble mission qu’il s’est donnée ; mais il n’est qu’au début de sa tâche, et nous sommes bien