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de la possession allemande. Les trois Rhodesias, dont la superficie dépasse le double de celle de la France, sont la réserve de richesse du futur empire Sud-Africain.

Les colonies du Cap et de Natal ont seules un accès direct à la mer. A l’Est des autres possessions anglaises, de Delagoa Bay (Lourenço Marques) au cap Delgado, faisant face à Madagascar, s’étend, sur une longueur de côtes de 2 000 kilomètres, l’Afrique orientale portugaise. A l’Ouest, le long du Bechuanaland, une autre possession allemande (dite Sud-Ouest africain allemand) et une autre possession portugaise, très vaste, s’élevant vers le Nord jusqu’à l’embouchure du Congo (l’Angola), limitent l’expansion britannique dans cette direction latérale.

La superficie des colonies anglaises en Afrique australe est à peu près celle des États-Unis d’Amérique. Réparties sur 25 degrés de latitude, — distance de la Norvège à l’Algérie, — elles offrent des climats très variés, en général salubres. Leur population n’est, encore que de 8 millions d’habitans, dont 1 200 000 de race blanche. Ces derniers sont presque tous fixés dans les colonies du Sud (le Cap, Orange, Transvaal et Natal). Dans les protectorats, les Rhodesias, et le Nyasaland, on compte à peine 20 000 Européens, dont les trois quarts dans la Rhodesia du Sud. Cependant l’ensemble de ces territoires dépasse en étendue, et peut-être aussi en richesses naturelles, celui des colonies méridionales. Dans celles-ci, la population indigène est beaucoup plus dense que dans le Nord. Les blancs ne forment que le tiers de la population de l’Orange, le quart de celles du Transvaal et de la colonie du Cap, moins du dixième de celle de Natal. Partout, en somme, ils sont en faible minorité.

De ces chiffres, se dégage un fait dominant, à savoir que la mise en valeur de l’Afrique du Sud, son avenir et sa tranquillité dépendent surtout de la question indigène. Aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, elle a toujours été secondaire, et depuis longtemps a disparu. En Afrique, elle est au premier plan et y restera. Dans un cadre aussi large, alors que chez les races autochtones il n’existe, en dépit de leur vigueur et de leurs aptitudes, que des organisations rudimentaires, le problème de la colonisation du pays est entièrement nouveau. Ce n’est pas d’ailleurs un problème seulement économique ; il comporte des responsabilités morales. Les résidens, aussi bien les Boers que les Anglais, ont conscience de ces devoirs. Ils se sont de tout